« C’est dingo » : le réalisateur de Minecraft hallucine face aux réactions flippantes du public

Minecraft, le film crée des réactions disproportionnées en salles à cause du meme du Chicken Jockey. Et le réalisateur trouve ça génial…

A l’heure où certains studios hollywoodiens peinent à attirer le public en salles (y compris parfois au sein de franchises installées), la notion d’expérience collective est devenue un hochet que chacun essaie de secouer à grands coups de ricochets marketing hasardeux. La promesse d’un moment de liesse partagé par une révélation ou un caméo est loin d’être un mal en soi (l’auteur de ces lignes n’oubliera jamais sa séance d’Avengers : Endgame), mais la salle de cinéma est-elle vraiment faite pour se transformer en stade de foot ?

Bien sûr, les dérives en matière d’hystérie finissent par pointer le bout de leur nez, et tout ça reste finalement très éphémère. Il y a une question qu’on devrait se poser : le film résiste-t-il à cette première impression ? On vous recommande pour ça de revoir Spider-Man : No Way Home ou Deadpool & Wolverine à la maison, et de vous sentir gêné devant les silences laissés à chaque caméo pour laisser le temps au public d’applaudir au cinéma.

Si ces moments-là sont bien sûr manufacturés, d’autres deviennent un peu malgré eux des phénomènes au travers des réseaux sociaux. C’est notamment le cas de Minecraft, le film, énième agglomérat informe d’easter eggs en tous genres qui a fini par toucher sa cible avec le « Chicken Jockey », une scène où apparaît un monstre particulier du jeu vidéo : un jeune zombie chevauchant un poulet.

Le bordel du Chicken Jockey

Dès les bandes-annonces et la prononciation du terme par Jack Black, ce court age s’est transformé en meme, si bien que le public en a fait un point de ralliement. Pour autant, l’exclamation enthousiaste a rapidement muté en chaos total. Cris, pop-corn jeté, spectateurs qui montent sur les épaules de leurs amis… Beaucoup de vidéos (notamment sur TikTok) « s’amusent » de la situation pour contrer la bienséance habituelle requise dans une salle obscure, quitte à ce que les projections soient stoppées, que les exploitants préviennent leur clientèle, voire que la police soit appelée.

Pour le réalisateur de Minecraft, Jared Hess, il s’agit du plus beau compliment possible :

they brought a live chicken pic.twitter.com/t2FELBbEZt

— 🕐HOURLY🕑 shitpost (@hourly_shitpost) April 9, 2025

« C’est dingo. C’est si drôle. Les gens m’envoient ces discours hilarants que des ados donnent juste avant que le film démarre. […] Je me couche beaucoup trop tard à cause de ça. C’est étrange quand vous vous amusez tellement que les flics sont appelés. Pour moi, c’est juste quelques cris et du pop-corn jeté, c’est drôle que la police soit appelée pour ça. […] Je suis juste content que les gens se créent des souvenirs avec leurs amis et leur famille. »

On aurait bien envie de répondre à Jared Hess qu’il pourrait lui-même travailler dans un cinéma et nettoyer le pop-corn si ce n’est pas « si » grave. Le pire, c’est que cette réaction ne se fait pas par rapport au film (contrairement aux exemples pré-cités). Le Chicken Jockey n’est au fond qu’un mot de e pour les initiés, un signal comme un autre qui n’a pas tellement plus de valeur que le mot « autruche » qu’on utilisait en classe pour se cacher sous le bureau.

C’est le plus triste : là où le réalisateur voit dans ces explosions de joie une interaction concrète avec Minecraft et son univers, il ne s’agit que d’un phénomène né indépendamment de sa volonté pour justifier de saccager un lieu public. Soit tout l’inverse de The Rocky Horror Picture Show, référence en matière de séances animées (déguisements, règles et coutumes, etc.) que certains comparent déjà à Minecraft.

Pendant ce temps, The Holywood Reporter a publié un article sur le stress que Minecraft, le film engendre chez les exploitants de salles et leur staff, mis en difficulté par cette situation rapidement hors de contrôle. On peut y voir quelques témoignages éloquents, comme « je déteste viscéralement ce film » ou encore « on attend avec impatience qu’il quitte les écrans ».

Si c’est de cette façon qu’on peut sauver le cinéma, peut-être vaut-il mieux le laisser mourir…