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Le miracle Vermines : le succès dont la avait besoin, et qui a résonné jusqu’à Hollywood

Par Mathieu Jaborska
19 février 2024
MAJ : 22 février 2024
Vermines : Box-office 2

Auréolé de deux nominations aux César, le film d'horreur Vermines termine tranquillement son parcours en salles. Et quel parcours !

C'est un véritable marronnier de la presse spécialisée, à peu près aussi tenace que les reportages de TF1 sur la neige qui tombe : tous les 3 mois, on s'inquiète de l'état du cinéma dit "de genre" français. Pourtant, l'année 2023 a comporté quelques vrais succès dans ce rayon : Le Règne Animal évidemment, Mars Expressmais aussi Vermines, qui plus est un authentique film d'horreur.

Le premier long-métrage de Harry Tordjman.

 

Vermines : photo, Lisa NyarkoT'as du feu ?

 

Le règne des araignées

Vermines est donc le premier long-métrage en tant que réalisateur de Sébastien Vaniček, après plusieurs courts-métrages. Derrière ce coup d'essai, il y a MyBox, célèbre pour avoir produit les trois séries Bref., Bloqués et Serge le Mytho et fondée par le producteur Harry Tordjman. Celui-ci a tenu son pari : à date du 13 février, le film a engendré 266 321 entrées. Selon ses estimations, le score final pourrait se situer entre 270 000 et 300 000 entrées. Pas mal du tout pour une histoire d'araignées tueuses et pour un budget de 5 millions d'euros.

C'est même l'un des plus gros succès pour un film fantastique récent. Bien sûr, il n'atteint pas les cimes du Règne Animal, qui a é la barre historique du million d'entrées avec un budget bien plus élevé, mais s'approche presque des 332 370 entrées du Visiteur du Futur (déjà une réussite). Or, bien que ces films soient souvent comparés en raison de leur ancrage dans l'imaginaire, Vermines boxe dans une catégorie différente : celle de l'horreur pure. Il a d'ailleurs écopé d'une interdiction aux moins de 12 ans et donc forcément bénéficié d'une distribution moindre : 269 salles maximum, contre 500 pour Le Visiteur du Futur et 742 pour Le Règne Animal.

 

Le visiteur du futur : photo Florent DorinLe Visiteur du futur, gros pari de science-fiction

 

"La question des interdictions en fonction de l'âge s'est posée bien entendu, mais Sébastien avait à souhait de faire un film terrifiant, mais pas gore. Nous allions naturellement vers une interdiction aux moins de 12 ans. Après cela, la liberté fut totale et nous n'avons pas fait de concession pour entrer dans des cases, c'est d'ailleurs une des forces du film", assure Tordjman. Gueules noires, qui se situe sur le même créneau et a été aussi interdit aux moins de 12 ans, avait lui cumulé moins de 50 000 entrées dans 190 salles. Les araignées ont même battu les pluies mortelles d’Acide, pourtant boosté par la tête d'affiche Guillaume Canet et projeté dans plus de 450 salles dès sa première semaine.

Bref, Vermines prouve que l'horreur méchante, voire le creature feature dégoulinant d'effets spéciaux, a encore les moyens de s'imposer au box-office. "Notre objectif premier était de briser ce plafond de verre des 150.000 entrées", se félicite le producteur. "Être un succès public. C'est chose faite. Au-delà, c'est du bonus. Et nous avons eu droit à un gros bonus pour le coup !".

 

Vermines : photoVermines est le premier long-métrage de fiction de MyBox !

 

Une araignée à travers le plafond

Un carton assez immédiat : dès sa première semaine d'exploitation, Vermines attirait 93 896 arachnophobes dans 242 salles. Il faut dire qu'il était déjà auréolé d'une petite réputation. Il a fait sa première mondiale à la Mostra de Venise, en clôture de la semaine de la critique, et s'est fait remarquer dans la plupart des festivals où il a été programmé. Lauréat d'un prix spécial du jury au fameux festival de Sitges, il a beaucoup fait parler de lui lors de sa tournée française, du prix du public du FEFFS à la projection parisienne du PIFFF.

Un joli palmarès qui n'a influencé la carrière du film qu’indirectement selon Harry Tordjman : "Disons que les festivals ont fait émerger le film pour les professionnels et les critiques. Il est arrivé sur le marché français avec une belle aura. Cela a pu permettre une belle programmation du film chez les exploitants et donc un accès plus large vers le public potentiel."

En effet, la presse a beaucoup soutenu le projet, avant de er le relai au public : "Le film a bénéficié d'un bouche-à-oreille exceptionnel. Depuis sa sortie, les critiques presse (tant dans L’Ecran Fantastique, Mad Movies que Télérama, Les Cahiers du Cinéma ou Le Masque et la Plume) ou de spectateurs sont particulièrement positives".

 

Vermines : photoBouche à oreille

 

Non seulement son démarrage fut fulgurant, pas très loin derrière les 100 000 entrées du Coupez ! de Michel Hazanavicius avec beaucoup moins de salles, mais il s'est plutôt bien maintenu, n'essuyant qu'une perte de 25% en deuxième semaine. Avec de très bonnes notes sur les agrégateurs de critique, Vermines a su faire son trou, en dépit d'une date de sortie curieuse : le 27 décembre, soit un créneau souvent réservé aux superproductions familiales. Et d'ailleurs, cette semaine-là, il faisait face à Aquaman 2, Wonka, Les Trois Mousquetaires et surtout Les SEGPA au ski, sorti le même jour.

Une stratégie réfléchie en amont : "Nous avions à l'origine comme ambition de sortir le film pendant Halloween, mais, d'une part, nous n'étions pas tout à fait prêts et, d'autre part, la concurrence avec les films de genre outre-Atlantique aurait été féroce. Nous avons ensuite eu le choix de sortir le film tout début janvier, car le 27 décembre restait une date assez concurrentielle. Finalement, nous avons choisi la fin d'année, car il nous semblait important de proposer le film au public pendant une période de vacances. Vermines a été conçu comme un film qui se visionne en groupe et les périodes de vacances nous semblaient idéales pour appuyer cette intuition".

 

Vermines : photoBienvenue au UGC des Halles

 

Les vermines du futur

"J'ai également appuyé pour le 27 décembre pour être éligible aux César 2024. Deux nominations plus tard, nous sommes heureux d'avoir pris cette décision." Quelques mois plus tard, le film est déjà devenu un exemple, y compris au sein d'un cinéma français institutionnel qui voit habituellement d'un mauvais oeil de telles productions. Vermines a bel et bien sa place aux César et même si ce n'est qu'à deux reprises (meilleur premier film et meilleurs effets visuels), c'est déjà un peu une victoire, d'autant que les effets spéciaux méritent d'être récompensés, vu le travail accompli. À ce sujet, un article de Cinématraque est d'ailleurs très éclairant.

De plus, comme souvent dans le cas des films dits "de genre", il pourrait encore gravir quelques échelons en s'exportant dans plusieurs pays. Titré Infested aux États-Unis, il a vu ses droits achetés sur le territoire par Shudder, service de streaming bien connu des amateurs d'horreur, spécialisé dans le genre et propriété d'AMC.

 

Shudder Lands Venice-Bound Thriller 'Infested' (Exclusive) https://t.co/SWTOflCeHG

— The Hollywood Reporter (@THR) August 24, 2023

 

Bien que l'environnement de la banlieue française soit relativement localisé, le rythme du film séduit, jusqu'aux Grands anciens du cinéma américain, puisqu'il a visiblement tapé dans l'oeil de Ghost House Pictures, la société de Sam Raimi. Celle-ci a offert à Sébastien Vaniček la réalisation d'un spin-off de la légendaire saga Evil Dead. Saga qui avait d'ailleurs eu droit récemment à son épisode dans une barre d'immeuble.

Un beau happy-ending pour un projet risqué : "Vermines a été un gros risque", avoue Tordjman. "Sur le papier, rien n'indiquait qu'un film d'horreur avec des araignées qui se e en banlieue pouvait être un succès. Ma vision de producteur pour ce film était d'y mettre le maximum d'ambition et d'aller au bout de la vision de Sébastien. J'ai voulu que tout l'argent se retrouve à l'image. En transparence, j'ai mis toutes mes rémunérations en participation et j'ai même dépensé de l'argent en fonds propres pour faire le meilleur film possible. C'est un risque que j'assume et je suis heureux de voir qu'il est en train de porter ses fruits."

 

Vermines : photo Le cinéma français pris dans la toile

 

Quant à la sempiternelle question de l'avenir du cinéma de genre, elle est de nouveau sur la table grâce à lui : "Je peux juste dire que je ressens que le marché accueille avec beaucoup d'enthousiasme le succès de Vermines, qu'il voit comme très salvateur pour les prochains films d'horreur et pour le cinéma français en général, qui continue sa diversification et son ouverture à de nouveaux cinéastes. C'est, par nature, bon pour le futur du cinéma en ". Espérons qu'il infeste l'industrie française de bestioles tout aussi vicieuses.

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àméditer
àméditer
il y a 1 année

Des chiffres qui font très mal: seuls 2 % des films français sont rentables au cinéma
Un tiers des métrages hexagonaux n’attirent même pas 20.000 spectateurs. Comparativement, les films belges s’en tirent mieux.
Patrick Laurent
Journaliste cinéma

Marc en RAGE
Marc en RAGE
il y a 1 année

Le réveil du CINÉMA FRANÇAIS ENFIN !?
Des films qui mon surpris en 2023
Le Règne Animal ☆☆☆
Mars Express ☆☆☆☆☆
Vermines ☆ même si la proposition de film d’horreur avec des Araignées est à encourager j’ai vraiment pas accroché.

Mx
Mx
il y a 1 année

fidèle lecteur de mad movies, l’ecran fantastique, impact et ciné live, je me permet humblement de poster le message suivant:

je suis ionné de cinéma de genre depuis mon enfance, j’écris des nouvelles axées en ce sens, m’attaquant à divers genres (cyberpunk, post-nuke, home invasion, survival, sorcellerie, lycanthropie, requins, zombies, polar, western, etc), et je cherche d’autres ionnés qui son désireux de partager leur idées, leur sensibilité, pour pk pas partir ensuite sur des courts-métrages, toute personne ayant un coté artiste et l’envie de créer est la bienvenue.

Mon adresse mail:
[email protected] (mailto:[email protected])

Fox
Fox
il y a 1 année

@ozymandias

Si, il est sorti en Suisse Romande le 17 janvier (via Mont-Blanc Distribution).

@tous ceux qui pensent que le film n’est assurément pas rentable

Le commentaire de Ghost Leopard est bien plus fourni et argumenté que vos vaines suppositions.

Mx
Mx
il y a 1 année

succès, c’est possible, vraie proposition de cinéma de genre neuf et transgressif, hum je crois pas!!!

Cidjay
Cidjay
il y a 1 année

J’avoue, succès d’estime… je peux comprendre… mais succès tout court, j’en doute.

La Classe Américaine
La Classe Américaine
il y a 1 année

Le Règne Animal, un succès ??
Budget 16 millions
BO 1 million d’entrées
Disons qu’avec 1 million de spectateurs, il a difficilement é une barre symbolique mais pas du tout suffisante pour qu’on appelle cela un succès (il aurait fallu 3 ou 4 fois plus d’entrées).

Le Visiteur du Futur, un succès ??
Sur les petits 300 000 spectateurs, il faut enlever 1/3 d’avant-premieres gratuites pendant plusieurs semaines sur toute la . Pas du tout de quoi fanfaronner. Un bon petit flop, au contraire (le cinéma game c’est pas YouTube).

Vermines, un succès ?
Budget 5 millions
BO 300 000 entrées
Il aurait fallu au moins le double pour rentable.

On comprend votre acharnement a faire mentir des chiffres pour défendre un certain cinema de genre en mais ici cela confine purement et simplement à de la mauvaise foi.

Ozymandias
Ozymandias
il y a 1 année

Hâte de le voir, il ne ait pas en Suisse…

Ghost Leopard
Ghost Leopard
il y a 1 année

@alshamanaac
« Du coup, c’est considéré comme un succès financier… c’est plus un succès d’estime non ?

Parce que 300 000 entrées, si je multiplie par le prix d’un billet… sachant qu’ils récupèrent pas 100% des thunes… ils sont loin du compte…

Après j’imagine que la vente des droits à l’étranger / droit TV etc… doit rentabiliser l’affaire au finale. »

En fait, ça dépend comment le montage financier de la production a été fait.
Si vous avez des diffuseurs, exploitants ou plateformes de streaming en amont qui ont financé une partie du film contre un préachat de diffusion, dans ce cas, une partie de votre budget est déjà amorti même si vous ne pourrez le constater, juridiquement et comptablement, qu’à compter de la livraison du film.
Il se peut aussi que certains distributeurs, notamment à l’international, aient suivi la même approche.
Comme ils ont un budget autour de 5 M€, ils sont dans les budgets moyens en (mais il y a un fort écart type).
Si on est dans la moyenne, si un film amortit moins de 25% de son coût en salles, il y a peu de chance que le film s’amortisse totalement par la suite. Il faudra penser à le déprécier probablement, sauf exception.
Pour analyser s’il y a perte ou pas, il faut aussi regarder si à un horizon de 3,4 ans après livraison, le coût s’amortit à 80%. En deça, il vaudra mieux déprécier, sauf exception.
En fait, plus un film est « frais », plus les droits peuvent être élevés.
Ensuite, si vous avez la chance d’avoir un film populaire culte dans votre portefeuille, ça continue à générer du cash mais c’est très rare.
300 000 entrées/ budget de 5M€, ce n’est pas un échec. Au pifomètre, c’est probable qu’ils amortissent.

NB: pour le producteur délégué, ça a généré deux autres sources de cash : le crédit d’impôt cinéma (mais il est probable qu’il a été escompté pour financer le film) et le compte automatique du fond de soutien. Les succès en salle génèrent automatiquement un approvisionnement du compte qui peut servir à financer les futurs films.

Kensaru
Kensaru
il y a 1 année

Excellent film, l’un de mes coups de cœur de 2023. Très content qu’il reçoive le succès qu’il mérite !