En 2002, le monde découvrait 28 semaines plus tard s'est avéré une excellente surprise.
Les cinéphiles savent bien que les bonnes suites ne courent pas les rues, surtout quand il est question de cinéma d'horreur. Le long-métrage mis en scène par Juan Carlos Fresnadillo prouve pourtant que l'exercice peut être maîtrisé. Lui-même plutôt rentable (il a rapporté 65 millions de dollars grâce à un budget toujours modeste de 15 millions), il ressemble presque au petit manuel de la suite réussie. On se plonge à l'intérieur.
Le bon concept
28 jours plus tard était assurément le bon client pour une suite. Mais contrairement à certains de ses concurrents, ou de ses rejetons indirects, il n'a pas inspiré une potentielle franchise dans la précipitation. Plusieurs années se sont écoulées avant que la Fox et Andrew Macdonald confirmait d'ailleurs dans le making-of que faire fructifier ce coup d'éclat n'était pas l'objectif premier : "À l'origine, il n'était pas question de faire plusieurs volets, mais si quelqu'un arrivait avec une bonne idée, on se devait de l'étudier".
Selon la note de production reprise par Rotten Tomatoes, quatre ans ont été nécessaires pour trouver la fameuse bonne idée. Toujours très impliqués, Boyle et Garland ont eux-mêmes travaillé à agrandir le microcosme londonien de 28 jours. Plusieurs pistes sont mises sur la table, dont un 29 jours plus tard, se déroulant dans le même cadre, lors du départ du personnage campé par Cillian Murphy. Il est également question d'une sorte de prequel qui décrirait les fameux 28 jours du titre, entre la découverte du virus et l'apocalypse. On aurait alors suivi des marines britanniques qui sauvent le Premier ministre et la reine.
Une seule règle est établie : s'éloigner du concept original. Une peur panique de la redite logique dès lors que les auteurs ont droit au chapitre. Boyle et Garland veulent s'emparer du bon concept, et ne pas valider le plus potentiellement rentable d'entre eux. Une manière de s'émanciper de la fameuse malédiction des suites. Le réalisateur d'Ex Machina s'expliquait en 2015 dans les colonnes d'IndieWire à propos de son rapport aux suites et son implication sur 28 semaines :
"Les suites sont généralement faites dans la précipitation. Elles sont faites avec un sens de l'urgence. La première fois, on e beaucoup de temps dans le développement pour y parvenir. La seconde fois, ce n'est pas le cas. Vos attentes sont différentes et vos motivations sont différentes. Mes motivations, dans la mesure où j'étais motivé, pour 28 semaines, étaient totalement différentes de 28 jours plus tard. Et je pense que c'est la raison pour laquelle aucun des intéressés n'a ensuite essayé d'en faire [un troisième], du moins pour un certain temps."
D'autres attentes, d'autres motivations, qui poussent Boyle en personne à choisir un réalisateur. Impressionné par le long-métrage Intacto, il sélectionne Juan Carlos Fresnadillo. Un choix curieux, qui témoigne des ambitions du trio. Fresnadillo lui-même est étonné de cette décision. Londonien par excellence, l'univers de 28 jours sera donc entre les mains d'un Espagnol, lequel est même autorisé à embaucher des collaborateurs de chez lui. Flatté, il soumet l'idée du point de vue familial comme référence au milieu de la reconstruction d'un pays.
Bien sûr, se contenter du poste de producteur exécutif arrange bien le réalisateur de Batman Begins. Reste que ce choix inattendu laisse transparaitre une certaine honnêteté artistique qui laisse présager du meilleur.
Une relation fraternelle importante
le Respect
"Ils voulaient quelque chose de nouveau et de frais... et c'était mon approche. Je suis vraiment reconnaissant pour la liberté que j'ai eue dès le début. C'est tellement rare quand on en vient à ce type de films".
La liberté décrite par Fresnadillo chez Movie Fanatic est certes nécessaire à une bonne suite, mais la compréhension de l'oeuvre originale reste primordiale. Une qualité qu'on peut attribuer au cinéaste, qui s'amuse à répliquer la fameuse mise en scène "guerilla" de son modèle, tout en la déclinant avec une certaine verticalité induite par le personnage de Doyle.
L'ouverture traduit bien cette volonté. Après quelques dialogues intimes, inhabituellement sages, l'intrusion d'un infecté fait à nouveau intervenir la caméra portée enragée de Boyle. Dans le commentaire audio, le cinéaste montre avoir parfaitement appréhendé le style de son mentor : au des monstres, la caméra s'imprègne de leur mal, et traduit la violence de la confrontation. Quasi intégralement tourné en 16 mm - une anomalie en 2007 -, 28 semaines n'a que faire d'une hypothétique surenchère technologique. Il prolonge avec malice et intelligence les aspirations esthétiques de son prédécesseur.
La réalisation marche donc dans les pas du maître. Le style documentaire assumé prévaut largement dans la première partie qui détaille, grâce à une suite de cartons sortis directement de l'esprit de Garland, l'idée si intéressante motivant les enjeux de ce second opus : le virus a disparu, et il faut tout reconstruire... à moins que la paix ne soit qu'illusoire. Si le point de vue familial est en effet essentiel (même si la séquence coupée finale aurait encore appuyé cet aspect), le véritable génie de cette suite, et son principal point commun avec 28 jours, se trouve ailleurs : c'est l'histoire d'un échec.
Une cruauté narrative radicale qui ret la noirceur extrême du premier film dans lequel un Cillian Murphy hébété constatait l'échec de toute une civilisation. Partisan d'un cinéma de genre sans concession, Fresnadillo parvient même à concentrer cette méchanceté inouïe dans une séquence : celle de la transformation de Don. Sacrifiant celui qu'on devinait pourtant être le héros repentant du film, le cinéaste et son co-scénariste Rowan Joffe créent un point de rupture ultra-violent, intimant à demi-mot que la rancoeur humaine ne permettra jamais de sauver qui que ce soit. Un baiser qui condamne l'humanité.
La suite, mettant en scène un massacre militaire forcément inspiré par les situations de guerre les plus critiques, enfonce encore le clou. Elle enterre tout espoir en faisant directement basculer le long-métrage dans le survival pur. Une puissance horrifique que ne renie pas Boyle, convaincu par les idées de son successeur.
D'ailleurs, techniquement, il lui emprunte beaucoup. Fresnadillo parvient à récupérer une bonne partie de l'équipe du premier film, dont le monteur John Murphy, qui convoque son inoubliable thème à quatre reprises, lors de moments cruciaux, et ce malgré un délai (court) de deux semaines pour concevoir la bande originale !
Boyle lui-même, en dépit de ce qu'il a raconté à la presse, a participé au projet en aidant la seconde équipe lors de la scène d'introduction. Un poste dans lequel il s'est tant investi qu'il s'est blessé. Le film porte tout entier sa patte aussi bien qu'il n'hésite pas à exhiber ses propres singularités.
L'ambition
D'un point de vue purement matériel, 28 semaines accomplit ce qu'on attend de lui. Doté d'un budget presque deux fois plus conséquent, il n'hésite pas à démultiplier l'ampleur de l'univers grâce à des effets maîtrisés et quelques scènes de foule tournées en situation. La très violente séquence du confinement foirée, par exemple, a été filmée sur place avec un paquet de figurants. Une logistique complexe, refusant de trop reposer sur les effets spéciaux numériques, comme le voulait pourtant l'époque.
Cela ne veut cependant pas dire que le long-métrage s'empêche de céder au spectaculaire. Très ambitieux à ce niveau et très malin vis-à-vis du dosage, il est truffé de quelques 400 plans truqués composés en 2 mois, dont le plus gros provient probablement de la scène du bombardement, apocalyptique, et du dernier tour en hélicoptère, montrant une Londres vidée (numériquement) de ses habitants. La mémorable séquence du découpage de zombies, seul dérapage grand-guignol de l'essai à moitié improvisé sur place. Il implique deux vrais hélicoptères et une grosse dose de prosthétiques très réussies, pourtant condamnées, caméra à l'épaule oblige, à ne pas rester plus de quelques secondes à l'écran.
L'horreur du napalm au petit matin
Les deux auteurs ont avant tout à coeur de gonfler les enjeux, au mépris des limites techniques. Encore une fois, l'intelligence du scénario aide grandement : en misant tout sur une situation martiale décrite en détail (le fameux "code red"), il ajoute une puissance militaire humaine à la menace des infectés. Le survival qui se met en place dans la deuxième partie n'en devient que plus haletant, puisque les dangers viennent de partout et peuvent frapper n'importe qui (la mort du personnage de Jeremy Renner en témoigne).
Motivé, le cinéaste va au bout de ses idées, et ce malgré plusieurs difficultés rencontrées. Impossible de filmer Londres sans lumière, alors que la nature post-apocalyptique du projet l'exige. Pire, il faut travailler avec des enfants (le jeune Enrique Chediak, qui filme le tout en "Night for day", technique particulière visant à simuler l'absence de lumière. Les scènes concernées en ressortent grandies, teintées d'une noirceur presque irréelle.
Un épilogue désespéré... et un cliffhanger redoutable
Plus ambitieux sur tous les plans, 28 semaines fait la part belle - et là est sa singularité dans le monde douteux des franchises prospères - à l'audace. Ainsi, à peine deux jours avant la fin du montage final, le réalisateur et son scénariste décident, sur un coup de tête permis par peu de studios hollywoodiens, de complètement changer la fin de leur oeuvre. Le cinéaste prend l'Eurostar avec deux membres de l'équipe technique, une douzaine de figurants et une caméra DV, et il filme à l'arrache l'épilogue, conclusion nihiliste qui vaut à elle seule le visionnage.
Une ion artistique rare, confirmant une dernière fois l'originalité d'une suite qui n'aurait pas mieux pu, à la fois, respecter et étendre l'univers développé par Boyle et Garland. Un exemple de suite presque parfaite, dont on ne s'inspire pas assez, loin de là.
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J’ai adoré 28 jours plus tard, très déçu par celui-ci… mais alors vraiment pas terrible. J’ai du mal à comprendre ce que les gens trouvent à ce film.
Ramener nous Dany Boyle.
Un film que j’adore également, une référence pour moi ;).
Tout-à-fait d’accord avec Alexis… qui n’est autre que le petit frère de Lionel !!
« on a perdu le contrôle. Cessez le tir sélectif, tirez sur tout ce qui bouge ».
28 jours plus tard sai le meilleur film de zombie pour ma par sai plus la réalité qui se e que dotre film de zombie
@moky99
Oui celle là est top aussi en effet, mais plus classique dans la mise en scène pourtant superbe de Snyder. Dans 28 semaines plus tard la mise en scène est tout autant chaotique que ce qui se e. On a vraiment l’impression d’être à la place des protagonistes qui n’ont quasiment pas le temps de comprendre ce qui se e. C’est limite de la réalité virtuelle cette séquence pour moi. Ca va tellement vite, trop vite qu’on capte qu’une petite fraction de l’action, comme les personnages, car si on s’attarde 1/2 seconde de trop il est trop tard pn est bouffé. Je me sentais plus acteur vulnérable des événements que témoin spectateur comme dans la scène de Dawn of the dead.
@的时候水电费水电费水电费水电费是的 Brosdabid
+1
@Brosdabid
Non, pour moi la plus impressionnante intro d’un film de zombie, c’est celle de Dawn of the Dead.
La plus Épique des scènes d ouverture de film de zombies avec un alliage parfait images musique,
Un pur cauchemar !
En effet, une suite intelligente (c’est rare!!), pas forcément supérieure au premier, mais différente, de manière à former un parfait dyptique ,en rêvant à 28 mois plus tard!!
et quel casting, robert carlyle, rose byrne, immogen pots, jeremy renner, catherine mac kromak, et même idris elba, franchement, ia du lourd!!
La meilleure scène pour moi, c’est pas le début (quoique..), mais le moment ou tous les infectés sortent du métré, lente montée en tension, avec l’incroyable score de murphy, pure vision de chaos, au ciné, ct épique!!