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Sonic 3 : critique d’un Shadow de cartes qui s’écroule 

Par Antoine Desrues
19 décembre 2024
MAJ : 21 décembre 2024

Visiblement, Paramount et la serpillère Keanu Reeves prête pour l’occasion sa voix. Une idée sympa, qui ne suffit pas à rattraper la paresse d’une franchise déjà ronflante. En salles le 25 décembre.  

© Canva Paramount

Sonic sa mère

Contre toute attente, il n’est pas si facile d’écrire une critique de Sonic 3. Ou du moins, il n’est pas si facile de renouveler son argumentaire par rapport au deuxième volet, dont cette suite reprend sans aucune gêne la formule (Sonic rencontre un adversaire plus ou moins manipulé par le Dr. Robotnik, avant de lui faire comprendre qu’être méchant, c’est pas bien). À l’égard de la démarche de Jeff Fowler, on pourrait se contenter de copier-coller notre texte sur Sonic 2 et de remplacer quelques mots.

C’est au fond la plus grande tristesse derrière l’adaptation de la franchise de Sega : voir son univers délirant et coloré tomber dans un normativisme affligeant en matière d’imaginaire et de fabrication, avec le même découpage sans style, les mêmes décors urbains chiants filmés dans des teintes bleu-gris (ici Tokyo et Londres), et les mêmes VFX tout lisses. La recette Marvel en somme, dont Sonic ferait presque er la nature de soap opera géant pour une prestigieuse série HBO.

Mes yeux, mes yeux…

Si l’on voulait se risquer à de la comparaison foireuse, les pires heures de la licence en jeu vidéo avaient au moins le mérite de tenter des gimmicks (le loup-garou, la légende arthurienne…) qui obligeaient un tant soit peu à renouveler le gameplay de base. A contrario, les films assument de se vautrer dans un recyclage confortable à tous les niveaux. Le symbole peut paraître galvaudé, mais il est difficile de ne pas penser à une IA générative devant Sonic 3, qui se contenterait de recracher en moins bien les idées des autres après avoir été goinfré de références.

Shadow est à ce titre le meilleur exemple de cette absence d’envie. L’apport de Keanu Reeves au casting vocal n’est là que pour connecter le ténébreux hérisson à John Wick, tandis que ses pouvoirs de téléportation font de sa scène d’évasion une resucée fainéante de la scène d’intro d’X-Men 2. Le temps d’un court flashback (de loin la meilleure scène), le film essaie de se raccorder émotionnellement à la tristesse de son personnage, et surtout à la vision du monde profondément naïve des héros des jeux, toujours rattrapés par le réel. Mais c’est tout.

Référence subtile

Racine Carrey

Bien sûr, on n’allait pas demander à Sonic 3 d’entamer une réflexion sur le poids de la mort (quand bien même le sujet a du sens pour l’adaptation d’œuvres où la résurrection et le game over sont de mise). Mais n’est-ce pas le vrai problème ? On devrait avoir des attentes sur Sonic, comme on a des attentes sur le traitement thématique d’un Pixar ou d’un Ghibli. Sous couvert de l’éternel argument débile “c’est pour les gosses”, Jeff Fowler bazarde toute envie de sincérité. La légère (on dit bien légère) touche d’émotion du premier film, centrée sur la solitude du hérisson, n’est plus qu’une fondation fragile pour une défense des valeurs familiales sorties du petit Fast & Furious illustré.

D’ailleurs, quitte à piller ses référents (le scénario reprend la plupart des événements de Sonic Adventure 2), on aurait apprécié que le film aille au bout de sa démarche. Sauf que Sonic 3 esquive les pistes les plus ionnantes du jeu, à commencer par la création manufacturée de Shadow, pour finalement rester dans des clous plus programmatiques qu’un jeu de plateforme sorti en 2001…

L’un des rares plans qu’ils vont partager

Même si le climax essaie pendant quelques minutes de s’am avec sa tournure cosmique, il est trop tard pour réveiller le spectateur endormi, anesthésié par une énième photographie morne et une mise en scène qui réduit au minimum syndical les interactions entre humains et personnages en CGI. À vrai dire, c’est un peu comme si le potentiel de Sonic au cinéma était constamment vampirisé sous nos yeux, laissé à sa plus médiocre itération de produit qu’on regarde d’un œil sur sa télé pour occuper les enfants pendant qu’on fait la vaisselle.

A priori, on sera tous d’accord pour dire que notre hérisson préféré mérite mieux, tout comme Jim Carrey, seule bouée de sauvetage de la trilogie. Heureusement que sa peinture délurée et burlesque du Dr. Ivo Robotnik profite de son cabotinage hérité de The Mask. Il s’agit même de la seule consolation de Sonic 3 : sa présence dédoublée, puisque l’acteur incarne également Gerald Robotnik, le grand-père, lui aussi machiavélique, du méchant. Dans ce marasme de laideur clinique et de CGI sans âme, voir l’acteur jouer avec lui-même dans un plan est encore l’effet visuel le plus satisfaisant.

Rédacteurs :
Résumé

Allez, on sauve vite fait Jim Carrey en méchant dédoublé, mais ça fait cher le ticket de cinéma pour un énième blockbuster sans âme et sans idées.

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zigougouzigougou
zigougouzigougou
il y a 5 mois

Ce texte est l’équivalent d’un clown triste qui se regarde dans le miroir en espérant qu’on le prenne pour un critique sérieux. Tu balances des insultes à Jeff Fowler comme un ado en manque de répartie, mais ta plus grande réalisation ici, c’est de prouver que tu peux écrire un pavé entier sans une seule idée neuve.
Tu veux critiquer la répétitivité de Sonic 3 en clamant qu’il recycle la formule de Sonic 2 ? Mais c’est quoi ton excuse, toi, pour nous recycler la même rengaine de « CGI sans âme » et de « Marvelisation » qu’on entend depuis dix ans ? Apparemment, copier-coller ton propre désespoir est acceptable tant que tu changes deux, trois mots et que tu cries assez fort pour que personne ne s’en aperçoive.
Et puis sérieusement, « Shadow connecté à John Wick grâce à Keanu Reeves » ? Ah oui, parce que les enfants qui regardent Sonic vont sûrement se dire : « Wow, quelle riche allégorie de la masculinité toxique dans un monde post-moderne. » Non, mec. Ils veulent voir des hérissons qui se battent avec des robots géants, et devine quoi ? Ça marche.
Parlons de ton obsession avec les « VFX lisses » et la « mise en scène morne ». Mec, ce n’est pas Blade Runner 2049. Ce n’est même pas censé l’être. On dirait que tu te perds dans ton propre snobisme, comme si Sonic devait subitement devenir une dissertation philosophique pour valider tes attentes absurdes.
Et ta conclusion sur Jim Carrey, genre « seule bouée de sauvetage » ? Même là, t’es paresseux. Plutôt que de développer une vraie réflexion, tu balances son nom comme un os qu’on aurait jeté à un chien. Bravo, critiqueur de canapé, t’as découvert que Jim Carrey est bon dans The Mask. Quelle révélation.
En résumé, ton texte, c’est comme un mauvais épisode de Sonic Boom : trop bruyant, pas drôle, et incapable de comprendre ce qui fait vibrer les vrais fans. Retourne travailler ton style avant de prétendre que c’est le cinéma qui manque d’âme.

iris
iris
il y a 5 mois

Heh. Just you wait. On se revoit après la sortie en salle.

frogminato
frogminato
il y a 5 mois

« j’aime pas parce que c’est du blockbuster, le blockbuster ca n’a pas d’âme et moi, j’aime montrer que je suis quelqu’un de différent »

Voila, j’ai réussi à faire la même critique avec moins de ligne. Je me trouve pas mal pour le coup je trouve, je vous laisse mon CV ?

PtitLulu
PtitLulu
il y a 5 mois

Allez, moi aussi j’vais laisser un commentaire pour compenser !

Grand fan de Sonic depuis toujours, j’aime bien les 2 premiers films devant lesquels je prends un plaisir assez régressif. Aucun doute que je vais m’am devant ce troisième volet.

Cela dit, j’avais déjà été un peu déçu du 2, notamment par son ton trop gamin et ses personnages mal écrits (le Sonic du film, quand il est surexcité, m’est difficilement able). Je ne suis pas dupe que le 3 tombe dans les mêmes travers, et cette critique me le confirme.
Au moins, je sais à quoi m’attendre, la déception sera donc probablement atténuée !

En tout cas, on est d’accord que Sonic mérite mieux. Et je trouve que les commentaires ne relèvent pas assez cette remarque d’Antoine.
Imaginez, un film d’animation stylisé, avec des scènes de course époustouflantes et une thématique centrée sur la nature VS l’industrialisation à outrance…
Je suis convaincu que Sonic a le potentiel pour offrir un vrai bon film !

Un jour peut-être. On peut rêver, après tout Paramount ont aussi les Tortues Ninjas, et Mutant Mayhem était très sympa 😀

moxxieknolastname
moxxieknolastname
il y a 5 mois

Ne pas aimer le film c’est une chose, mais faire preuve d’une telle condescendance et insulter gratuitement le réalisateur ça c’est c’est inacceptable, cet article Écran Crade (oui je me permets de dire « Écran Crade » car bon, vous n’avez aucun respect pour Jeff Fowler alors pourquoi en aurais-je pour vous ?) est merdique et Antoine Desrues devrait avoir honte.

gregdevil666
gregdevil666
il y a 5 mois

Ça ne m’étonne malheureusement pas. Déjà les 2 d’avant étaient mauvais.
Tan pi, on comptera sur le plombier moustachu pour relever le niveau des adaptations de JV.

sofianleseque
sofianleseque
il y a 5 mois

….Vous avez vraiment effacer mon commentaire ?…Je dit juste que la critique n’avait pas besoin de manquer de respect au réalisateur Jeff Fowler en l’insultant de Serpillère…

Simpsonic
Simpsonic
il y a 5 mois

Traiter quelqu’un de serpillière vous dérange pas ?
même si vous n’aimez pas Sonic en général, ce serais bien de ne pas allez dire de telle propos, c’est irrespectueux et pas du tout professionnel de la part de « journalistes »

sofianleseque
sofianleseque
il y a 5 mois

Dites, vous savez que c’est possible de faire une critique sans insulter comme ca le réalisateur (la serpillère…sérieusement ?)

Captain Jim
Captain Jim
La rédaction
il y a 5 mois

Antoine….. Non…… Je voulais y croire……