Esther : critique diabolique

Un visage à la fois mystérieux et repoussant fleurit sur les affichages dédiés aux sorties cinéma… mais quel est donc cet OVNI qui est vendu comme « le film le plus terrifiant de l’année » ? Et bien, loin des idées reçues, Esther n’est pas une énième descendante du diable, une enfant maléfique ou une gamine possédée de plus. En effet, le film comme son anti-héroïne ont finalement presque plus en commun avec un film comme Joshua et consorts.

 

 

Mais cette référence renvoie moins au slasher pur (bien qu’Esther zigouille avec la même dextérité) qu’au génial et malsain rebondissement final, qui révèle la vraie nature de cette étrange Esther. Avant d’atteindre ce petit pic d’excitation, on est trimballé plutôt avec calme, parfois avec perversité, entre drame familial, orphelinat des pays de l’est et petit traité sur l’adoption de la famille parfaite. Comme une montée en puissance du précédent Joshua, qui s’essayait aussi aux chemins de traverse du genre, Esther brille plus par son scénario ludique puis redoutable que par son casting double couche (Vera Farmiga rejoue son rôle de Joshua) et tapisserie (Peter Sarsgaard, es-tu avec nous ?)… sauf bien sûr la découverte d’Isabelle Fuhrman dans le rôle-titre.

La force de cet Esther est de jouer la mesure, de faire monter le suspens et la pression sans tomber dans la surenchère sanguinolente et, même, de toucher plus aux codes du thriller que du film d’horreur. Etonnant et culotté, Esther est un film à la croisée des genres, un pari risqué, suffisamment audacieux pour ne pas se planter mais qui, avouons-le, ne restera dans les annales que pour son twist, ce qui n’est déjà pas mal.