Invincible saison 3 : que valent les premiers épisodes de la série de super-héros Amazon ?

Invincible et c’est toujours aussi bien. ATTENTION SPOILERS !

En 2021, Amazon a apporté un vent de fraicheur dans le paysage de plus en plus terne des super-héros avec la série d’animation Invincible, adaptée des comics de Robert Kirkman. Après les révélations sur Omni-man et son peuple conquérant à la fin de la saison 1, le public a cependant dû prendre son mal en patience avant d’assister aux retrouvailles tant redoutées entre Mark et son père.

Heureusement, il n’a pas fallu attendre deux ans et demi de plus avant de découvrir la saison 3, sortie moins d’un an après. Nul doute que celle-ci va encore frapper là où ça fait mal, encore plus après les trois premiers épisodes qui élèvent considérablement les enjeux et brouillent un peu plus la frontière entre le Bien et le Mal, les méchants et les gentils. Mais le pire reste encore à venir.

LE DÉSÉQUILIBRE DE LA FORCE

La dernière fois qu’on a vu Invincible, c’était en bien piteux état après son combat contre Angstrom Levy, le scientifique fou qui a eu la mauvaise idée de s’en prendre à Debbie et Oliver. Il était donc évident qu’après avoir perdu le contrôle et tué son ennemi dans un déchainement de violence inouï, le possible glissement de Mark serait au cœur de la troisième saison, contrastant de fait avec la rédemption prévisible de son père.

Et le changement est bel et bien le mot d’ordre des trois premiers épisodes. Si Mark avait jusqu’ici tout du héros imparfait, mais parfaitement fiable, le ton est légèrement différent dans ce début de saison. Un nouveau costume plus sombre, encore plus de puissance, une colère légitime, un autre déferlement de violence contre une armée de robots et une séquence du point de vue de deux criminels pathétiques…

Les épisodes jouent subtilement sur la suggestion pour inf l’idée que oui, Mark pourrait effectivement se retourner contre l’Humanité, ou du moins lui ca des dégâts irréparables, là où il était impossible de douter de sa vertu dans les deux premières saisons.

L’adolescent au grand cœur est soumis à une pression monstre, enchaîne les désillusions et les trahisons, mais se complait dans sa vision étroite, et parfois immature des choses, soit toutes les conditions réunies pour basculer ou être catalogué comme nouvel ennemi. Alors, Mark est-il bien une anomalie multiverselle ou est-il voué à reprendre la mission de Nolan, qu’il a par ailleurs réussi à pardonner ?

À moins que le danger vienne d’ailleurs. De Viltrum, certes, mais aussi de Thraxa. Oliver a en effet bien grandi et le bébé potelé a laissé place à un enfant un peu trop enthousiaste à l’idée de se servir de ses nouveaux pouvoirs. Mais plus que son irresponsabilité, tout le monde semble avoir négligé l’influence néfaste qu’a pu avoir son père sur lui, le garçon ayant un gros potentiel de psychopathe, ce qui là encore donnerait raison à Cecil.

CIVIL WAR

Ainsi, les épisodes adoptent en partie le point de vue de Cecil, qui tel Bruce Wayne effrayé par Superman, craint qu’une telle puissance devienne incontrôlable et préfère donc prévenir que guérir. La série s’intéresse donc enfin à lui, au-delà de son rôle de directeur insensible et insondable à deux doigts de redre les antagonistes. La séquence consacrée à son é joue d’ailleurs malicieusement avec notre méconnaissance quasi totale du personnage, nous laissant croire un instant qu’il ait pu être un vulgaire criminel repenti (ce qui est plus ou moins le cas, mais dans un autre contexte).

Mark s’impose comme le reflet de Cecil, ou plutôt l’incarnation de toutes les belles valeurs qu’il a dû abandonner pour mener à bien sa mission. Son mantra s’adresse aussi bien à lui qu’à son poulain en camisole : être gentil ou sauver le monde, mais pas les deux.

C’est aussi le principe du serpent qui se mord la queue : en cherchant à contrôler Mark et à pouvoir le neutraliser au cas où, il ne fait qu’envenimer la situation et créer l’escalade qu’il redoutait tant. Surtout que le conflit idéologique a scindé les Gardiens du Globe en deux groupes qui pourraient être amenés à s’affronter prochainement, façon Captain America : Civil War. Les deux groupes ont une vision bien précise de la justice, aucun n’ayant réellement tort ou raison.

Reste à voir si chacun parviendra à mettre de l’eau dans son vin, Mark n’ayant pas réellement franchi de ligne rouge (Rex s’est d’ailleurs montré tout aussi menaçant envers Cecil que lui). Le fait que le sort du monde puisse reposer sur une confiance aussi fragile, d’un côté comme de l’autre, pousse malheureusement à être pessimiste. Et ce n’est pas comme si depuis le départ la série était d’un optimisme ou d’une candeur à toute épreuve…

Les trois premiers épisodes de la saison 3 d’Invincible sont disponibles sur Prime Video depuis le 6 février dernier.