Et si on reparlait de Penny Dreadul, l'une des séries les plus belles, étranges et noires de ces dernières années ?
Presque quatre ans après sa fin, Natalie Dormer au premier plan.
C'est l'occasion parfaite pour revenir sur la série portée par Timothy Dalton, diffusée sur Showtime et disponible sur Netflix.
Tout commençait pourtant dans la joie
JAMES BONDIEU
Il y a quelque chose de James Bond dans Penny Dreadful, du moins dans les coulisses. La série a été imaginée et dirigée par John Logan, scénariste prestigieux de Rory Kinnear, tous deux présents dans Skyfall.
ionné de monstre, folklore et créatures mythiques de la littérature de genre, John Logan imagine ainsi cette histoire qui met en jeu Frankenstein, Dorian Gray, Dracula, Van Helsing, docteur Jekyll ou encore des loups-garous. D'où le titre : Penny Dreadful est un terme qui désigne un sous-genre littéraire populaire dans l'Angleterre du XIXe siècle, plein d'histoires sordides et vendu sur un mauvais papier, pour une population jeune. Un peu comme le Grindhouse a été rappelé par Tarantino et Rodriguez, avec néanmoins un goût assumé pour le régressif, Logan ramène ce courant oublié pour lui redonner ses lettres de noblesse.
Logan expliquera cet attachement à ces monstres et marginaux par son histoire personnelle, et notamment son homosexualité : "J'ai grandi à une époque où c'était bien moins accepté socialement qu'aujourd'hui. Je sais ce que c'est de se sentir différent, de se sentir comme s'il n'y avait personne d'autre comme vous. J'ai beaucoup pensé à ça et aux films des années 1940, où Dracula croisait Frankenstein et le loup-garou. Je me suis demandé ce que ça ferait si on traitait ces personnages de façon 'sérieuse'. Et c'est comme ça que tout a commencé."
La chaîne Showtime (The Impossible, qui signe les deux premiers épisodes.
De la mélancolie d'être marginal
IN THE MOOD FOR BLOOD
Le budget serait resté relativement modeste : environ un million de dollars par épisode, soit beaucoup moins que The Machinist) qui propulse immédiatement dans un monde entier, qui semble sans limite, comme le prouveront les nombreuses parenthèses dans des décors loin du Londres grouillant et puant.
Entre ombres malfaisantes et lumière froide, démons des ténèbres et instincts paranormaux, vieilles maisons et sinistres ruelles, Penny Dreadful ouvre les portes d'une dimension cauchemardesque et raffinée, dans un numéro d'équilibre du plus bel effet. Car les tripes ont leur place dans ce paysage impitoyable, puisque adultes, enfants et même bébé y ent dès les premières scènes. Le goût du sang est aussi fort que celui du sens, avec une direction artistique d'une beauté folle, mais toujours contenue, fine, préférant l'harmonie noire et la patine old school à la débauche d'effets.
Chapeau melon et botte de cuir tâchée de sang
Un soin qui se retrouve sans surprise sur les maquillages, qu'ils soient faussement naturels (le teint diaphane de Danny Sapani), ou simplement monstrueux. Là encore, la série s'ancre dans le solide, avec une préférence pour les décors en studio, et les effets spéciaux plateau, plutôt que le numérique. Ce qui est plus qu'opportun pour un tel monde, qui transpire l'amour de la série B.
En deux saisons et 27 épisodes, Penny Dreadful aura vu défiler neuf réalisateurs, avec en premier plan Nocturnal Animals) pour peaufiner ce glaçage sanglant.
Un des personnages les plus charismatiques
EVA BRILLE
Mais bien sûr, Penny Dreadful, c'est d'abord et surtout Vanessa Ives et donc Eva Green. Dès le premier épisode, elle est le mystère, le cœur et la tête de la série. Rongée par une foi débordante qui semble être autant un rempart qu'un trou noir, capable de stopper un monstre par sa présence et sentir les menaces (re)naître, lire aussi bien les cartes que les gens, elle est la clé de voûte de la série. Sous ses airs de femme fatale aux yeux froncés, elle est la vraie victime des événements, et consciemment vers sa fin, qui coïncide avec celle de la série. Au milieu d'une bande où chacun porte sa croix, avec ses secrets et sa culpabilité, elle est la grande figure tragique, celle que Penny Dreadful suit dans ses dérives, ses moments de trouble et d'absence, ses larmes déchirantes et ses cris terrifiants.
Justement reconnue avec une nomination aux Golden Globes, Eva Green est renversante, et a trouvé là l'un de ses plus beaux rôles. Il suffit de voir la fameuse scène de possession dans l'épisode 2 de la première saison, pour se convaincre du talent de l'actrice, capable d'invoquer aussi bien la poupée des enfers que la bête humaine, jouant de sa voix et son corps avec une adresse souvent spectaculaire, repoussant sans cesse les limites d'une telle noirceur pour donner la sensation qu'elle est à un point de bascule extrême.
Vanessa, à la fois clé et énigme de la série
Derrière ce bulldozer, il y a heureusement un peu de place laissée aux autres. Principalement du côté de Frankenstein et sa créature, qui par nature jouissent d'une mélancolie magnifique. Le scientifique de génie est un très beau personnage, dont l'émotion éclate dès la fin du premier épisode, et Rory Kinnear est lui aussi excellent, et ils offrent à Penny Dreadful quantité de scènes inattendues, où la frontière entre le beau et le monstrueux est floutée.
Plus que Josh Hartnett et Timothy Dalton, solides mais moins touchants dans leurs rôles, ce sont ces personnages de marginaux, de chiens un peu fous et fragiles, qui animent la série.
My name... is Victor Frankenstein
LA FAIM DE LA FIN
Lorsque le dernier épisode de la saison 3 est diffusé en juin 2016, c'est la surprise : le "The End" final est l'annonce que la série est terminée, sans annoncé au préalable. C'est John Logan qui a décidé de refemer son histoire, au milieu du tournage de la saison 2, et l'a expliqué au président de Showtime, David Nevins, qui expliquait à Variety : "John m'a convaincu que c'était le bon moment et la bonne manière de finir. C'est une conclusion pour Vanessa Ives et sans elle, la série ne continue pas."
Logan expliquait sa décision : "C'est une série sur Vanessa et sa lutte avec la foi, sur comment une femme se débat avec Dieu et le diable. Au cours de la saison 2, pendant le tournage, j'ai compris où on se dirigeait. Une femme qui perd sa foi dans la saison 2, devra la retrouver. Qu'est-ce que cela va impliquer ? Pour moi, c'était l'apothéose. Elle allait trouver la paix avec Dieu. J'ai réalisé que la série allait vers ça, donc j'en ai parlé avec Eva, puis David."
Et il n'a eu aucun regret : "Eva Green est vraiment ma muse, et j'ai voulu écrire une histoire sur un personnage très complexe que j'aime profondément. Elle représente tellement de ce que je suis, ce que j'espère être, ce que j'ai peur d'être. Puis j'ai rencontré une artiste, Eva Green, qui m'a inspiré plus que n'importe quel acteur avec qui j'ai travaillé auparavant, et c'est devenu ça la série, pour moi. Continuer après la mort de Vanessa serait pour moi un acte de mauvaise foi." Et tout se terminera sur une ultime image de sa tombe.
Pourtant, difficile d'être totalement satisfait par cette conclusion certes cohérente pour Vanessa, mais accélérée voire bâclée pour plusieurs personnages. John Clare alias la créature de Frankenstein aura notamment vu son arc bouclé en quatrième vitesse, avec la question de son é qui avait été mise au premier plan dans la saison 3. La résolution de Brona/Lily semble elle aussi précipitée, surtout par rapport à Ethan. Et Dorian Gray aura certainement été le personnage le moins bien écrit de toute la série, restant enfermé dans son rôle de Machiavel rachitique.
L'arrivée du docteur Jekyll dans la dernière saison est bien étrange vu qu'il n'aura absolument pas eu le temps d'exister ; et ce n'est pas la mention d'un Lord Hyde dans l'ultime épisode qui pourra y remédier. Même chose, dans une moindre mesure, pour la guerrière Catriona Hartdegen, arrivée quatre épisodes avant la fin. Même si une forme de paix ou justice est offerte aux héros (Malcolm et Ethan dans une dynamique père-fils, Lily en maîtrise de sa vie, Dorian est abandonné), une certaine finesse a été sacrifiée sur l'auteul du spectacle Ives.
Un Jekyll flou, littéralement et définitivement
Penny Dreadful a été bâtie autour de plusieurs personnages, ce qui donnait déjà beaucoup (trop) de matière pour construire un récit et arriver à une bataille finale complexe, réunissant tout ce petit monde. Pourquoi amener de nouveaux visages dans cette course contre la montre ? John Logan avait-il une simple envie d'ouvrir des horizons pour le plaisir, ou y'avait-il officieusement une possibilité de continuer la série au-delà de Vanessa ?
La question des audiences se pose alors, mais le patron de Showtime a affirmé que ça n'avait jamais été un problème, citant notamment le succès international, et l'envie d'une saison 4 si Logan avait été d'accord. Sans preuve du contraire, il y a donc un constat : le créateur de la série a simplement un peu raté la fin, sans que la chaîne n'ait joué un rôle dans cette équation.
Malgré ces faiblesses et fausses notes, Penny Dreadful demeure l'un des objets les plus beaux, envoûtants et étonnants de ces dernières années, mélangeant avec efficacité la sous-culture un peu honteuse d'antan avec une équipe prestigieuse et une approche cérébrale. Du sang et du cœur, mais aussi une attaque intense et noire de la foi, dans la plus pure tradition du genre.
C'est aussi une énième preuve du talent d'Eva Green, qui a eu là l'occasion d'une carrière d'aller dans des zones extrêmes. Rien que pour ça, et l'ambiance délicieusement morbide de ce cauchemar, la série de John Logan mérite d'être revue. Et au pire, si Penny Dreadful : City of Angels devait être une déception, l'originale restera là, bien en place.
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Exellente serie
La saison 1 est une merveille, j’ai décroché sur la saison 2., malgré les indéniables qualités. Beaucoup d’incohérences scénaristiques, des décisions prises par certains personnages absurdes et incompréhensibles et une histoire étirée jusqu’à plus soif sur dix épisodes où l’on ne comprend plus où tout cela nous mène.
The End pour cette série splendide et fantastique pas loin du chef d’oeuvre.
Il est vrai que la seconde moitié de la saison 3 semble un peu précipitée.
La guerrière Catriona Hartdegen et le Lord Hyde ont du être écrit bien en amont de la décision de terminer cette série sur cette saison 3 et c’est en effet un peu dommage.
Mais je pense que le choix de s’arrêter là fut celui de la raison pour éviter la répétition et une certaine lassitude sans doute inévitable et qui aurait été bien plus dommageable à mon avis. Le chemin de Vanessa ne pouvait pas aller plus loin, c’était écrit. Maudite jusqu’au bout, morte en faisant la paix avec elle même ayant finie par embrasser sa vrai nature. Vanessa avait tout donné dans la saison précédente, que pouvait elle faire d’autre. une si belle âme au fond mais une âme tourmenté, con-damnée par des forces obscures qui nous déent. Bien sûr cette fin n’atteint le sommet qu’a été le final de la deuxième saison absolument incroyable mais c’est une très belle fin. Toute l’histoire de la series’ toutes les histoires des personnages qu’elle raconte ont été ionnantes et éprouvantes à suivre. Quelle brillante et folle idée d’avoir réuni tous ces personnages et créatures mythiques dans une série généreuse en tout point à la fois fidèle aux mythes et très modernes. Les mythes restent immortel par leur modernité d’origine. Ils parlent de nous à toutes les époques. Et c est ce qu’a bien compris Logan et bien lui en a pris.
A part les 2 nouveaux arrivés je trouve qu aucun des personnages n’a été laissé de côté, même Dorian Gray a été bien écrit depuis le début je trouve. Il y aurait tellement à dire, pour finir j’ai été agréable surpris par le traitement assez inédit du plus maléfique des personnages, Dracula, interprèté tout en finesse et simplicité. Ca change, c étonnant et génial.
Cette série est pour moi la digne héritière des 2 œuvres gothiques marquantes des années 90 avec Le Dracula de Coppola et Entretien avec un vampire qui n’ont pas eu d equivalent cinématographique depuis.
Et bien mine de rien, ça fait du bien de se replonger dans ces ténèbres aux airs familières qui m’ont si délicieusement fait frissonner d’effroi sous la couette lors de longues nuits de lectures adolescentes.
Pourvu que le spin off soit à la hauteur.
Vanessa Eva Ives Green forever !
J ai adoré cette série et c est vraiment dommage qu elle se termine .J aurais aimé continuer a regarder .J adore cette actrice elle joue merveilleusement bien .J espere avec ce succès ils changeront d avis et feront une suite avec Eva Green
Je res a 100% les 2/3 de votre critique car je n’ai pas encore vue la 3 eme saison et ai donc évité de lire le dernier tier.
D abord il y a Eva Green, la sublime Eva Green qui m’a littéralement scotché et envoûté, je suis devenue fan de Miss IVes et de l’actrice. Me suis promis de regarder tous les films que g loupé avec elle. J ai déjà vu la suite de 300 rien que pour elle, et je n’ai pas été dessus.
La voilà qui fait maintenant partie de mon top 3 de mes actrices préférées.
Ensuite évidement il y a les grands thèmes de la littérature gothique brillamment réunis en une seule grande série. J’ai adoré être plongé dans cette époque victorienne, avec ses dialogues et ses personnages tragiques d’inspirations Shakespearienne j’imagine (Ne l’ayant jamais lu)
On ressent beaucoup de tendresses pour ces personnages, pour ces monstres en quêtes d’humanité.
beaucoup de questionnement et de réflexion sur l’acceptation de la différence, sur la tolérance, beaucoup de bienveillance.
Rien n’est tout noir ou tout blanc. Il y a beaucoup de sensibilité et de subtilité dans la caractérisation de chacun des personnages remarquablement bien écrits et joués avec force et conviction.
A aucun moment je ne suis ennuyé même pendant les parfois longs ages de dialogues,
La série fait référence à de la littérature et je me suis bien laissé séduit par les textes.
La direction artistique est splendide, un ravissement pour les yeux et je suis surpris par le budget car la série est pourtant très généreuse. Et quelle superbe monte en puissance à là fin de deuxième saisons
Bref je suis ravis de l’avoir découvert tardivement, elle était ée sous mon radar et c’est la BA alléchante du spin off qui m’a alerté sur l’existence de cette pépite. Votre 1 ère critique avait fini de me convaincre d’aller urgemment y jeter un œil. Allez, la dernière saison m’attend, Eva m’attend … 🙂
Sinon a quand une série ou un film sur la saga littéraire des Sorcières d’Anne Rice.
Et pourquoi pas une série de première classe sur sa saga des vampires.
Une magnifique série, baclée et gachée par la fin de la saison 3. Elle aurait mérité une saison supplémentaire. Comprend par ce qui a pu er par la tête de john logan.
Bof
Je ne sais pas vous, mais à l’époque de l’annonce de la fin de la série série, quelque épisodes avant la fin de la saison 3, j’ai trouvé sa fin précipité. Comme si au départ, la série avait plutôt été tablé, sur un feuilleton de quatre ou cinq saison, qui aurait revue sa copie en cours de route. Faudrait peut-être que je me refasse tout ça en binge, histoire de voir si mon impression est toujours la même.
Un chef-d’oeuvre qui ne perd de sa surperbe aucunement au fil des 3 saisons, malgré une 3ème certes un peu en-dessous. Surtout que la saison 2 est la meilleure, c’est compliqué de lire plus bas que la série s’est « perdue ». C’est une oeuvre incontestablement magnifique et brillante.
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