GOOD MORNING APPLE TV+
Entre le post-apocalyptique Steve Carell (pour ne citer que ceux qui sont sur l’affiche) qui animait les attentes. Mieux, il portait les espoirs de voir rentrer la firme à la pomme par la grande porte du streaming.
Lors de son lancement,The Newsroom), lorgnait inévitablement du côté du soap.
Au fur et à mesure de son avancée et en conclusion de ses dix épisodes, nul doute que la série a définitivement pris ce chemin en grande partie. Ce choix, s’il décevra plus d’un spectateur recherchant une série puissante sur le monde de la télévision, en comblera de nombreux autres, friand de divertissement à la fois jubilatoire, captivant, mais aussi engagé.
Une équipe soudée… en apparence
À LA MAISON DE LA TÉLÉ
Ainsi, en dix épisodes, la série devient réellement un objet addictif dont il est difficile de décrocher. La plupart des épisodes jouent sur les découvertes des personnages concernant l’affaire de harcèlement sexuel pour créer des situations prenantes ou sur les secrets de chacun des membres de la grande « famille » du Morning Show pour créer des rebondissements scénaristiques (trahisons, liaison secrète, mensonges, opportunisme…) dignes des soap les plus agités. En résultent des moments drôles, émouvants et incisifs qui galvanisent l’ensemble.
La narration s’amuse d’ailleurs judicieusement de nombreux cliffhangers pour accaparer l’attention des spectateurs et les rendre totalement accros. Une dépendance renforcée par la dynamique assez spectaculaire des dix épisodes. La série jouit, en effet, d’un rythme d’une efficacité remarquable laissant à la fois le temps à ses personnages de se développer durablement pendant les brèves accalmies, tout en conservant une énergie inhérente aux coulisses d’une matinale info.
Une caméra virevoltante sans prétention
Une vigueur due en grande partie à la mise en scène posée par À la Maison-Blanche en tête), les personnages interagissent souvent en mouvement, dans les couloirs de l’émission ou les rues de New York, donnant une impression continue d’agitation et d’ardeur.
Sans véritable transition, la caméra suit ainsi les échanges de deux animateurs avant de se tourner vers celui d’une assistante et son producteur pour se terminer dans une loge et écouter l’échange houleux d’un personnage avec quelqu’un au téléphone dans de jolis plans-séquences. De facto, sans perdre en clarté sur l’agencement des lieux visités (essentiellement les coulisses de la matinale) et la structure de son récit, The Morning Show est d’une fluidité particulièrement appréciable.
Et si la mobilité de la caméra donne une limpidité notoire à la série, les metteurs en scène des dix épisodes savent également se servir de sa fixité pour tirer des moments forts en émotions (ce reportage dans les collines enflammées de Californie) et des instants hors du temps d’une puissance remarquable (le grand final de la saison 1).
L’épisode 6, un des plus puissants et des plus beaux esthétiquement
LE VENT TOURNE
En jouant sur le crescendo de son intrigue, The Morning Show ressemble, dans sa construction, à une série au pitch très classique. Pour autant, la série gagne évidemment beaucoup de valeur grâce au propos majeur qu’elle met en évidence. D’abord floue sur ses intentions, la série devient un véritable pamphlet féministe au fur et à mesure de son avancée, dénonçant avec fougue le système patriarcal du divertissement américain ainsi que la misogynie qui règne au sein de certains médias.
La dénonciation de l’infotainment américain prend ici une envergure détonante (et quasi inédite sur le petit écran) qui donne indubitablement une force poignante à la création d’Apple TV+, d’autant plus à l’ère de #MeToo. Dans un magnifique huitième épisode, la série n’hésitera d’ailleurs pas à d’un flashback instructif pour gagner en profondeur et alimenter le récit des femmes victimes de la hiérarchie ou de prédateurs tirant avantage de leur statut pour manipuler les esprits (un clin d’oeil cynique à Steve Carell) et rester, malgré leurs agissements inexcusables, impunis.
Un personnage dont la trajectoire prend une vraie dimension
The Morning Show est bien évidemment un soap jouant des codes inhérents du genre pour créer l’addiction chez le spectateur, mais se révèle également une oeuvre dénonciatrice percutante posant des questions primordiales dans la société actuelle. Le propos de la série sur la culture de la peur et du silence qui sévit dans le monde de l’information (et globalement le monde du travail en général) est libératoire et opportun, et conserve une finesse bienvenue évitant avec habileté l’emphase.
Une pertinence et une acuité que la série doit beaucoup à son parterre de stars. S’il est impossible de ne pas évoquer Kerry Ehrin peut aussi compter sur des rôles secondaires parfaitement caractérisés.
En tête d’entre eux, Gugu Mbatha-Raw qui vole la vedette dans les trois derniers épisodes grâce à un arc narratif exponentiel.
Enfin, Billy Crudup en directeur perfide démontre à quel point il manque cruellement de présence sur tous les écrans avec son charisme imposant. Sa trame permet d’ailleurs à la série d’exposer en fil rouge la frontière de plus en plus mince entre divertissement et information. Un thème fera sûrement l’objet d’un développement plus conséquent dans la saison 2 déjà commandée.
The Morning Show est disponible en intégralité sur Apple TV+ en
@Votre Pseudo
Ce n’est pas l’avis de la rédaction, c’est l’avis d’Alexandre. Et comment puis-je avoir un avis si différent ? Tout simplement parce qu’on a tous des avis différents. Sur chaque critique, on a créé cet espace pour pouvoir afficher les avis des autres membres de l’équipe, afin de rappeler que chacun devrait pouvoir s’exprimer, et que la diversité des opinions c’est aussi sain qu’intéressant 🙂
Comment l’avis de Geoffrey peut être si diamétralement opposé à celui de la rédaction ?!
« Reese Witherspoon, parfaite dans un rôle qui lui colle à la peau, et Jennifer Aniston plutôt convaincante (même si elle cabotine parfois un peu trop) »
J’aurais dis l’inverse perso
Série metoo, mi-chiante.
@ni3o
Je pense qu’ils veulent dire qu’on le vois pas assez souvent, pas qu’il manque de présence dans le sens charisme.
« Enfin, Billy Crudup en directeur perfide démontre à quel point il manque cruellement de présence sur tous les écrans avec son charisme imposant. » C’est pas contradictoire comme phrase???!!!!????