« Je n’ai plus d’argent » : Coppola prépare un film « cheap » après le méga-flop de Megalopolis 

Megalopolis a saigné ses finances à blanc.

Tout le monde a parlé de Megalopolis comme étant le film-testament de Francis Ford Coppola, le chant du cygne d’un réalisateur légendaire, la dernière grande fresque de celui qui avait signé Le Parrain. Mais c’était mal connaître le réalisateur de penser qu’il s’arrêterait de faire des films tant qu’il lui resterait un souffle de vie, et d’imaginer que l’énorme échec de Megalopolis (environ 130 millions de dollars de budget pour une recette de… 14,3 millions) puisse l’échauder.

Il faut dire que des flops, Coppola en a connu plus d’un dans sa carrière, et que ça ne l’a jamais empêché de rebondir. Alors qu’il avait déjà annoncé avoir encore deux derniers projets dans les cartons, voilà que le metteur en scène travaille activement sur le premier d’entre eux, qui devra se faire sans le sou…

Après Megalopolis, Coppola revient en musique

Glimpses of the Moon, c’est le titre actuel du projet auquel Coppola s’affaire. Il s’agira d’une adaptation du roman La Splendeur des Lansing, de la célèbre romancière américaine Edith Wharton, plus connue pour avoir écrit Le Temps de l’Innocence (adapté par Martin Scorsese en 1993). Cette histoire-là dépeint aussi un couple qui se construit et se déchire au sein d’une société de privilèges et d’inégalités, mais Coppola a précisé qu’il en changerait la fin et s’inspirerait du film Cette sacrée vérité réalisé par Leo McCarey et sorti en 1937.

Autre détail qui n’en est pas un : Glimpses of the Moon devrait être une comédie musicale. Une comédie musicale qui se déroule dans les années 1930 ? Ambitieux ! Mais ce n’est pas de problème, pour un grand nom comme Coppola… Sauf, peut-être, si celui-ci n’a plus une thune, comme il l’a récemment expliqué au micro du podcast Tetragrammaton de Rick Rubin :

“C’est comme si Noel Coward adaptait du Edith Wharton en Angleterre, et c’est la raison pour laquelle je fais ça au Royaume-Uni. Je suis en pré-production. Je n’ai plus d’argent parce que je l’ai investi, tout cet argent que j’avais emprunté, pour faire Megalopolis. Il n’en reste rien. Je pense que je finirai par en revoir la couleur d’ici 15 ou 20 ans, mais pas pour le moment. Donc je n’ai pas un rond. Il faut que je me débrouille pour faire ce film de façon très cheap, et c’est ce que je fais.”

À ce stade, Coppola n’annonce ni chiffres précis ni casting, mais l’histoire semble se répéter. En 1982, sa comédie musicale Coup de Cœur voyait le jour, et se plantait dans les grandes largeurs au box-office, en dépit de la grande qualité du film. Et c’est loin d’être la seule fois où le génie de la mise en scène (quelque peu mégalo sur les bords) s’est retrouvé en difficulté financière à cause de projets peu rentables.

En réalité, les vrais succès commerciaux de Coppola se comptent sur les doigts d’une demi-main (Le Parrain, Dracula, et Apocalypse Now, dans une certaine mesure), et le réalisateur a toujours davantage conquis la critique que le grand public. Pourtant, il a aussi toujours fait en sorte de pouvoir continuer à tourner, quitte à y sacrifier bien souvent ses propres billes, comme ce fut encore le cas récemment avec Megalopolis, que Coppola a produit lui-même et pour lequel il a investi une grande partie de sa fortune personnelle.

Est-ce que ça sent mauvais pour Glimpses of the Moon ? D’un point de vue financier, très certainement. Mais pas forcément d’un point de vue artistique, puisque nombre des plus beaux longs-métrages du réalisateur sont des films fauchés et plus confidentiels, comme Twixt ou L’Homme sans Âge.

Personne n’est donc à l’abri que Coppola ponde un petit chef-d’œuvre avec cette nouvelle comédie musicale, même si le projet fait beaucoup moins de bruit que Megalopolis. On lui souhaite aussi de souffrir de moins de scandales à base de bande-annonce mensongère et de révélation de comportement plus que douteux de la part du réalisateur avec les figurantes.

En revanche, Coppola espère sans doute toujours pouvoir se remettre à voir les choses en grand pour Distant Vision, le projet expérimental qu’il envisage comme étant son dernier film, qu’il a déjà annoncé comme étant plus ambitieux que Megalopolis et sur lequel il travaille depuis de nombreuses années. Pour ce faire, encore faudra-t-il que l’argent perdu avec l’utopie portée par Adam Driver revienne effectivement, comme il le prédit, “d’ici 15 ou 20 ans”.

Seulement, dans 20 ans, Coppola aura 105 ans. Le réalisateur devra donc peut-être encore trouver des solutions, quitte à se saigner à blanc, pour que le film puisse voir le jour avant.