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Cannes 2025 : une Palme d’or politique pour Un simple accident, le film SF Resurrection récompensé

Par Alexandre Janowiak
24 mai 2025
MAJ : 24 mai 2025
© Memento, Les Films du Losange

Le Festival de Cannes 2025 est terminé et la Palme d’or a été attribuée à Sirât et Résurrection au palmarès.

Il y avait une ambiance étrange, quasiment de fin du monde, en ce samedi 24 mai sur la Croisette, quelques heures avant l’annonce du palmarès. Cannes et ses alentours ont subi une coupure de courant et de certains réseaux, plongeant toute la ville dans le noir. Toute ? Non, un Palais des festivals a résisté à la crise encore et toujours, grâce notamment un triple groupe électrogènes. De quoi maintenir la cérémonie de clôture, comme si de rien n’était.

Ainsi, Juliette Binoche et son jury composé par les acteurs et actrices Halle Berry, Alba Rohrwacher et Jeremy Strong, les cinéastes Payal Kapadia, Dieudonné Hamadi, Hong Sang-soo et Carlos Reygadas, ainsi que l’écrivaine Leila Slimani.

Juliette Binoche déjà en train de fêter la fin du festoche

Cette 78e édition a été un plutôt très grand cru, avec de nombreux films bien notés dans les grilles de notes de la presse internationale et une véritable homogénéité. Chez Screen Daily, aucun film ne s’est véritablement fait étriller par la critique (la pire note est 1,1/4 pour Fuori), en revanche, seuls deux films ont réussi à déer la note de 3/4 : Deux Procureurs de Sergei Loznitsa (3,1/4) et Un simple accident de Jafar Panahi (3,1/4). Autant dire que le suspense était grand mais c’est bel et bien Un simple accident de Jafar Panahi qui l’a emporté.

Un simple accident
Une Palme politique mais plein de cinéma

PALME IRANIENNE

C’est Cate Blanchett qui a présenté la Palme d’or après avoir remercié le Festival de créer un dialogue cinématographique international chaque année. Après un long discours engagé, Juliette Binoche a annoncé que le jury avait décidé de remettre la Palme d’or au cinéaste iranien Jafar Panahi pour son film Un simple accident. Après une ovation incroyable dans le Grand Théâtre Lumière, où le cinéaste est longuement resté scotché à son siège les bras en l’air en signe de victoire, il est monté sur scène pour recevoir sa Palme d’or.

La voix tremblante, il a remercié sa famille pour le temps où il n’a pas été présent (faisant probablement référence à ses nombreux emprisonnements). Puis, il a évidemment prononcé un discours plus politique :

Jafar Panahi heureux

« Mettons tous les problèmes à côté pour le moment, le plus important c’est la liberté de notre pays [l’Iran]. Que personne n’ose nous dire quoi porter comme vêtement, ce qu’il faut dire, ce qu’il faut faire. Et le cinéma, c’est une société, personne n’a le droit de nous dire ce qu’on peut faire ou non. Espérons ce jour. »

C’est le premier iranien à remporter le Graal cannois depuis 1997 et Abbas Kiarostami pour Le goût de la ceriseC’était la deuxième fois, seulement, que l’Iranien était en compétition après avoir reçu le prix du scénario à Cannes en 2017 pour Trois visages.En revanche, c’est son quatrième prix à Cannes, lui qui est né sur la Croisette avec sa Caméra d’or (récompensant un premier film) en 1995 pour Le Ballon Blanc, puis un Prix du jury UCR en 2003 pour Sang et Or et donc un prix du scénario, avant cette Palme d’or.

Wagner Moura dans L'Agent secret
Deux prix pour L’Agent secret

UN PALMARES SOLIDE

Pour le reste du palmarès, le jury a décidé de récompenser assez logiquement Wagner Moura du prix d’interprétation masculine pour L’Agent secret de Kleber Mendonça Filho. Et ni une ni deux, le réalisateur brésilien a également reçu le prix de la mise en scène pour son nouveau film. C’est le deuxième prix qu’il reçoit en compétition à Cannes, après son prix du Jury en 2019 pour Bacurau.

Chez les femmes, c’est la jeune Nadia Melliti, 23 ans, qui a été primée par le jury pour son rôle dans La Petite dernière de Hafsia Herzi. Elle y joue une jeune musulmane qui se met à questionner son identité en rentrant en fac de philo et notamment « comment concilier sa foi avec ses désirs lesbiens naissants ».

sirat
Prix du jury pour le choc Sirât

Le prix du scénario a été remis à Jeunes mères de Jean-Pierre et Luc Dardenne après un numéro musical de John C. Reilly. C’est la deuxième fois que les Belges reçoivent ce prix, après Le Silence de Lorna en 2007, et le septième prix qu’ils reçoivent sur la Croisette en dix participations à la compétition.

Le prix du jury est revenu à deux films différents de deux nouveaux venus dans la compétition : l’Espagnol Oliver Laxe pour Sound of Falling. Le jury a également remis le Grand Prix au magnifique Valeur sentimentale du cinéaste norvégien Joachim Trier. Un Prix Spécial a également été attribué à Résurrection de Bi Gan, décrit comme un « film OVNI » par la présidente du jury lors de la conférence post-cérémonie, un « film qui l’a retourné, vraiment extraordinaire » visuellement et « qui permet le rêve ».

Résurrection
Un Prix spécial pour un film spécial

Le récapitulatif du palmarès de cette 78e édition :

Palme d’or : Un simple accident de Jafar Panahi

Grand Prix : Valeur sentimentale de Joachim Trier

Prix du Jury : Sound of Falling de Mascha Schilinski et Sirât d’Oliver Laxe

valeur sentimentale
Joachim Trier si proche du graal cannois avec Valeur sentimentale

Prix Spécial du Jury : Résurrection de Bi Gan

Prix d’interprétation féminine : Nadia Melliti dans La Petite Dernière

Prix d’interprétation masculine : Wagner Moura dans L’Agent Secret

Prix du scénario : Jeunes mères des frères Dardenne

Prix de la mise en scène : L’Agent Secret réalisé par Kleber Mendonça Filho

Prix logique pour la jeune actrice de La Petite dernière

Caméra d’or : The President’s Cake de Hasan Hadi

Mention spéciale Caméra d’or : My Father’s Shadow d’Akinola Davies Jr.

Palme d’or du court-métrage : I’m Glad You’re Dead Now de Tawfeek Barhom

Mention spéciale des courts-métrages : Ali de Adnan Al-Rajeev

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morgiana83
morgiana83
il y a 12 jours

palme d’or, grand prix, prix du jury, prix spécial du jury, c’est quoi la différence dans tout ça. C’est juste histoire de récompenser tous les films qui ont été diffusés ou bien ?

jmm
jmm
il y a 13 jours

A la vue du palmarès de cette édition du Festival de Cannes dont les films primés, tant ils sont « glauques », ne seront vus que par un nombre restreint de spectateurs, certains pourraient se dire qu’il faudrait peut-être envisager la suppression de ce Festival mais je crois qu’il faut leur répondre : « Non le Festival de Cannes n’est pas condamné à être ce qu’il est en 2025 car comme il est tombé très bas il ne peut que s’améliorer ! »   

Satan LaBitt
Satan LaBitt
il y a 13 jours

Les Dardenne à Cannes c’est vraiment un running gag qui ne fait plus rire …