Films

Fast & Furious 2 et 3 : les pires moments de la saga, sans Vin Diesel ?

Par Mathieu Jaborska
10 juillet 2021
MAJ : 21 mai 2024

Avant de devenir un monstre hollywoodien boursoufflé, la saga Fast & Furious est ée par de sombres détours.

2 Fast 2 Furious : photo

Aujourd’hui, la franchise Fast & Furious est un véritable bulldozer du box-office américain. Plusieurs de ces films ont déé la barre symbolique du milliard de dollars de recette de plusieurs centaines de millions. Ils dominent un marché du blockbuster quasi intégralement rallié à la cause super-héroïque grâce à de grosses cylindrées et une belle collection de crânes chauves. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.

Avant que Fast & Furious : Tokyo drift. Alors, attachez vos ceintures (ou pas), faites chauffer la gomme et sortez les baskets fluo : on s’engouffre dans les bas-fonds du pire cabotinage des années 2000.

 

photoStart your engines

 

Séquelles

Bien que ses producteurs pensent aller droit dans le mur, la faute à la sortie de Vin Diesel explique carrément : « Ce qui est ironique, c’est que j’ai demandé à Universal de ne pas faire une suite. Je me disais que ça compromettrait sa capacité à devenir un classique ».

En réalité, l’équipe à l’origine du premier opus est déjà en train de préparer sa propre suite non officielle. Fast & Furious étant peu ou prou une redite 2.0 de xXx, qui anticipe à merveille la surenchère logistique des derniers opus de la saga d’Universal fonctionnera d’ailleurs aussi très bien lorsqu’il sortira en 2002, avec 277,4 millions de dollars de recette pour 70 millions de budget.

 

photo, Vin DieselVin Diesel e son permis scooter

 

Pourtant, en parallèle, le studio entend bien exploiter encore un peu la marque. Refusant d’avoir à choisir, Moritz reste fidèle au poste. John Singleton donnée à L’Interview television academy laisse entendre un autre son de cloche. Le cinéaste raconte que Diesel réclamait à l’époque 20 millions de dollars pour revenir, condition que la grande patronne, Stacey Snider, rechignait à accepter.

Quelle que soit la vraie version de l’histoire, lorsque le comédien refuse officiellement de participer, Snider appelle Singleton, jeune réalisateur du légendaire Gary Scott Thompson. Il redresse péniblement le volant d’une saga qu’Universal emmène déjà à sa perte.

 

photo, Tyrese Gibson, Paul WalkerDeux flics à Miami

 

Dernier dérapage

Malgré des critiques très, très loin de l’accueil enthousiaste réservé à son ainé, cette suite profite de son budget bien supérieur (76 millions) pour le coiffer au poteau, avec 236,3 millions de dollars de recette dans le monde. Fatalement, un troisième film se met en route chez Universal. Un appel aux scénarios ouvert permet à Chris Morgan, auto-proclamé fan de cette franchise en déroute, de proposer son pitch. Il le racontera plus tard à UPROXX : « Concrètement, c’était Tokyo Drift, mais c’était avec Vin, et son personnage devait sortir et apprendre à drifter. Et il devait résoudre une affaire de meurtre ».

Moritz, toujours aux commandes, lui met un stop. Diesel ne risque pas d’accepter le rôle, après avoir refusé celui du second : « Et ils ont dit : ‘Nan, on ne peut pas faire ça. On doit être au lycée.’ Et donc le film est devenu ce qu’il était. J’en étais très fier ». Vin Diesel n’est alors pas encore producteur de la saga (c’est ce poste qui va le pousser à revenir franchement dans le film suivant), et ça se voit. Universal navigue à vue, tentant vainement de capitaliser sur son public cible, auquel ses analystes recommandent de s’accrocher. C’est d’ailleurs Stacy Snider qui tranche : Tokyo Drift sera un teen movie tokyoïte ou ne sera pas.

 

photo, Lucas BlackL’état de la saga pendant Tokyo Drift

 

Elle engage Sung Kang jouait déjà un personnage nommé Han. Celui-ci, comme son prédécesseur, sauve les meubles en expurgeant le premier scénario d’une partie de son racisme : « Après avoir lu le scénario original, ils m’ont appelé et m’ont demandé : ‘Qu’est-ce que vous en pensez ?’. Et j’ai dit : ‘Je pense que c’est insultant et daté, et je n’ai aucune intention de le faire’. Mais Stacey, la présidente du studio, a dit : ‘Dites-nous juste ce que vous feriez différemment. Donc j’ai dit : ‘Pour commencer, je me débarrasserais de tous les gongs, les temples, les Buddhas et les gags visuels montrant à quel point le mec blanc est plus grand que tous les Asiatiques’. Et elle a dit : ‘OK, on va faire le type de film que vous voulez’. Je lui ai dit : ‘Euh, vous êtes sûre ?' ».

Dans cet entretien accordé à SFGate, le metteur en scène raconte, dès 2006, à quel point le projet fut une bataille constante avec les exécutifs, même s’il leur reconnaît une certaine justesse. L’engin Fast & Furious tire de tous les côtés, et c’est d’autant plus dangereux que les sommes investies commencent à être franchement conséquentes : ici, il est question de 85 millions de dollars. Voilà qui explique que, faute de permis japonais, Universal ait engagé un « bouc émissaire » (selon les dires de Lin chez Digital Spy) pour qu’il se fasse er pour le réalisateur et se fasse arrêter à sa place lors d’une journée de tournage à Shibuya.

Voilà qui explique aussi le coup de poker tenté par la firme après les projections-test probablement désastreuses (c’est la théorie – plausible – de Chroniques de Riddick, auquel il tenait particulièrement. Ironiquement, c’est ce caméo qui va plus ou moins entrainer la mise en chantier du 4e opus, et le transformer en vedette planétaire.

 

photo, Vin DieselCourse aux droits

 

Le début de la fin du début

Ces deux suites ont beau être gérées avec l’adresse d’un enfant de 8 ans au volant d’une Formule 1, elles n’ont jamais perdu d’argent. Tokyo Drift est tout de même parvenu à amasser 158,9 millions de dollars au box-office mondial, et à même tout juste déer la barre des 200 millions grâce au marché du DVD et ses jaquettes racoleuses. Reste que ces scores plongeaient dangereusement, et qu’Universal a bien failli complètement perdre le contrôle. Ils s’en sont rendu compte bien vite : à force de forcer le trait déjà bien ancré dans les années 2000 du premier opus, ces deux films ont fini par s’auto-parodier.

La séquence d’introduction de 2 Fast 2 Furious donne tout de suite le la. Finies les courses en ligne droite qui font gagner celui qui enclenche la nitro au bon moment. Désormais, c’est la conduite, la vraie. Et si le premier film mettait en scène une diversité pas loin de la caricature, le deuxième pousse les potards au maximum. Au volant des bolides fluo crachant du hip-hop à plein volume, un crâneur dont la conquête du soir va dépendre de sa place au classement, un macho pas loin de lâcher un petit « grab’em by the pussy » et une femme (son seul élément de caractérisation) adepte du rose intégral.

 

photoCode couleur

 

Il faudrait être aveugle, sourd ou défoncé au kérosène pour considérer Fast & Furious comme un film féministe. Et pourtant, ses suites le font er pour un manifeste militant. Dans les deux longs-métrages, le trophée – vrai et seul moteur des enjeux – est féminin. L’ouverture de Tokyo Drift est assez éloquente : qui remporte la course remporte le bout de chair en short, ne connaissant d’ailleurs même pas tous les conducteurs. Et la compétition de démarrer avec un lâcher de soutien-gorge en guise de coup d’envoi. Michelle Rodriguez avait obtenu une réécriture de son personnage, refusant d’en faire une récompense. Les interchangeables love interest qui suivent n’ont pas eu cette chance.

Mais au milieu des années 2000, l’exotisme pernicieux (la séquence où un Yakuza assiste, pensif, à un duel motorisé entre deux ados suintants les hormones n’est pas piquée des hannetons) et le sexisme décomplexé n’ont plus tant la côte, pas plus que les sidekicks ironiques tels que ceux incarnés par Pirates des Caraïbes ont injecté le virus de la surenchère au cinéma hollywoodien. Les néons, le trafic de lecteurs DVD et les concours de drift tout droit sortis des phases de gameplay de Need for Speed : Underground sont officiellement és de mode.

 

photoL’image la plus années 2000 possible

 

Alors que les plus ridicules de ses ersatz se crashaient salement (on pense au cultissime Eva Mendes) et une culture populaire en perte de vitesse. Il était temps pour elle d’enclencher la quatrième, de er moins de temps à filmer des rave de parkings et plus à reproduire les quelques plans amusants qui se glissent dans le diptyque, à la fin de l’ouverture de 2 Fast 2 Furious, pendant le climax de Tokyo Drift.

Sous la houlette de Vin Diesel, Fast & Furious 4 tentera d’atteindre cet objectif en faisant directement suite au premier opus. Il y parviendra assez pour muer son épiphénomène vieillissant à la vitesse lumière en monstre absurde… mais rentable.

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Miami82
Miami82
il y a 3 années

Perso, au final j’aime bien le 3 que je préfère largement au 4

Pat Rick
Pat Rick
il y a 3 années

Le 2 est plutôt sympa, ça ne se prend pas au sérieux et ça divertit.
Le 3 par contre est effectivement l’un des plus mauvais de la saga.

Pi
Pi
il y a 3 années

Tokyo Drift est clairement une bonne série B de bagnoles de la même veine que Smokey and the bandits – Cours après moi shérif – ou la série des Canonball. Ou encore The Dukes of hazard – Fais-moi peur shérif – à la télévision.
On a encore de vrais cascades et des vraies voitures à l’écran ce qui renforce l’aspect réaliste de l’ensemble, contrairement à la suite de la franchise qui n’est plus qu’un ensemble de plans conçus par du calcul informatique totalement irréalistes avec des inserts d’acteurs jouant tous plus mal les uns que les autres, Diesel en tête.

Mokuren
Mokuren
il y a 3 années

On n’est vraiment pas sur la même longueur de pneus sur cette franchise. Le 2 est certes raté, mais le 3 comporte des scènes d’action monumentales. Evidemment, il faut peut-être savoir l’importance que le phénomène du drift a au Japon pour comprendre les références.
Pour redonner le contexte du point de vue du cinéma, à l’époque où FF3 est sorti, le manga et l’anime « Initial D » sont au top et Hong Kong a même essayé de s’approprier le phénomène avec un film à gros budget (par les réalisateurs d’Infernal Affairs). L’opus 3 de FF arrive l’année d’après et cible un certain public, pas exactement identique à celui de la franchise. Avec le côté bourrin de Hollywood, certes. Mais aussi avec une rare authenticité, le recours aux effets digitaux étant minimaliste. Ce sont la plupart du temps de véritables cascades qu’on voit à l’écran dans FF3. Ce qui en fait l’opus le plus intéressant de la franchise pour qui aime les scènes d’action pures et dures, et pas les écrans bleus.
Ce que vous dites sur la lutte de Lin pour bloquer les stéréotypes racistes (qui sont, je suis désolée, aussi présents dans un film comme Lost in Translation) est intéressant, mais je trouve votre attaque sur le côté sexiste limite basse. Le monde du tuning est fidèlement représenté dans les FF, car c’est un monde misogyne, dans lequel on trouve tout de même des femmes ionnées par le sport et conductrices émérites. C’est une contradiction qui caractérise ce milieu. C’est aussi un monde où on se donne en spectacle avec un côté tribal. Vouloir tout mettre à la sauce politiquement correcte d’aujourd’hui revient à tout aseptiser.
Bref, le fait que vous ne commentiez même pas les scènes d’action, qui constituent l’attraction principale de FF3, montre que vous êtes complètement és à côté de ce film. Quelle mauvaise foi!

Dom Toretto
Dom Toretto
il y a 3 années

Même si FF2 et 3 sont loins d’être inoubliables, ils ont le mérite de ressembler encore, et avec le recul, à du vrai cinéma de série B (encore une fois bon ou mauvais). Ce qui n’est pas forcément des opus 4 à 8..qui avec le recul ressemble eux difficilement à du cinéma, mais à des parcs d’attraction qui donnent plus ou moins le tourni. Toujours plus gros, gras, incensé, idiot. Donc si la saga etait restée une trilogie, cela n’aurait pas forcément été un pal pour nos rétines et nos oreilles, et pour l’art cinématographique en général.

Arnaud (Le vrai)
Arnaud (Le vrai)
il y a 3 années

J’ai vu Tokyo Drift a l’epoque et franchement j’avais bien aimé. Deja voir du drift quand le premier ne proposait que du Drag (j’avais pas vu le second) m’avais bien fait kiffer. En plus dans les rues de Tokyo … ok le scenario etait moisi mais l’ambiance etait mortelle

Je crois que meme encore aujourd’hui, le souvenirs que j’ai du 3 est bien meilleur que tous les autres episodes (premier compris)

Marvelleux
Marvelleux
il y a 3 années

Les pires moments de la saga seraient surtout après le 3ème volet non ?

Loh
Loh
il y a 3 années

Moi aussi j’ai toujours b aimé le 2 ! Un film sympa qui ne se prend pas au sérieux et toujours agréable à regarder.
Le 3, j’aime moins mais l’effort de proposer quelque chose de different est louable

Wolf
Wolf
il y a 3 années

Pareil le 2 est le seul que j’ai bien aimé, et avec Tokyo Drift ça reste les dernier a se concentrer sur les courses

Marvelleux
Marvelleux
il y a 3 années

@DirtyCop. Idem et vu au ciné. Le film à son identité propre