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Cliffhanger : le sous-Die Hard qui a sauvé la carrière de Sylvester Stallone

Par arnold-petit
17 mars 2023
MAJ : 21 mai 2024
Cliffhanger : Traque au sommet : photo retouchée

Cliffhanger : Traque au sommet de Renny Harlin.

Après avoir porté les sagas Rocky et Rambo qui lui ont donné son statut de superstar du cinéma d'action, Sylvester Stallone a traversé une période difficile, mais a ensuite trouvé son salut grâce à Cliffhanger : Traque au sommet. Un film d’action devenu un petit classique du genre, considéré comme un des grands moments de la carrière de l’acteur. L'occasion rêvée de le revoir et de se pencher sur ce film d'action qui été une renaissance pour l’Étalon italien.

Par ailleurs, Le Grand Ecran Large, notre rendez-vous mensuel en salle, vous permettra de (re)découvrir Cliffhanger dans sa restauration 4K le vendredi 24 mars à partir de 19h30, au Club de l’étoile à Paris (14 rue Troyon, 75017 Paris). Vous pouvez d’ores et déjà réserver vos places sur ce lien.

 

Photo Sylvester StalloneSylvester Stallone et ses muscles saillants

  

STAYING ALIVE

Cliffhanger n'aurait jamais dû exister et résulte d'un concours de circonstances assez invraisemblable, à base de projets enterrés, de batailles autour de droits d’auteur et de tournage qui a plusieurs fois failli virer au drame. À l'origine, Sylvester Stallone a été approché par les studios Carolco pour apparaître dans une comédie de John Hughes (qui a notamment réalisé La folle journée de Ferris Bueller qu'on aime vraiment beaucoup), mais le projet a finalement été abandonné.

L'acteur vient d'enchaîner les flops avec le cultissime Tango & Cash, Rocky V, L'embrouille est dans le sac et Arrête ou ma mère va tirer ! et ne parvient pas à s'adapter à la transition qu'a opéré le cinéma d'action hollywoodien à la fin des années 80. La montagne de muscles reaganienne spécialisée dans les armes et les explosifs qui défoncent du communiste avait été délaissée au profit de héros plus ordinaires, notamment après le succès de Piège de cristal et son personnage de John McLane incarné par Bruce Willis.

Et si Arnold Schwarzenegger a très bien tiré son épingle du jeu avec le miraculeux Total Recall, Un flic à la maternelle, Terminator 2 : Le Jugement dernier ou Last Action Hero, ce n'était pas le cas de Stallone, hanté par le fantôme de Rambo.

 

photoJure-moi que tu ne feras plus de comédie !

 

Après le projet avorté de John Hugues, l'acteur se retrouve ensuite impliqué sur deux autres longs-métrages : Isobar, un film de science-fiction avec Kim Basinger qui aurait dû être réalisé par Ridley Scott ou Roland Emmerich, mais qui a lui aussi été laissé de côté ; puis Gale Force, un film d'action littéralement décrit comme « Die Hard dans une tornade » et réalisé par Renny Harlin, qui venait de signer 58 minutes pour vivre.

Alors que tout se met en place, Carolco rencontre de sérieux problèmes au niveau du scénario, é entre plusieurs mains, et décide finalement de lâcher l'affaire à deux semaines du tournage. Néanmoins, le studio paie quand même Renny Harlin et lui propose ensuite un autre projet avec Sylvester Stallone, baptisé Cliffhanger, que le réalisateur finlandais accepte, étant attiré par un tournage en montagne (contrairement à l'acteur, qui avait le vertige).

Quelques années plus tôt, John Long, grimpeur émérite, était allé voir Gene Patrick Hines et James R. Zatolokin, des producteurs indépendants, avec l'idée d'un film inspiré d'une histoire vraie sur un crash d'avion plein de cannabis et de cocaïne dans le Parc national de Yosemite qui avait attiré l'attention des grimpeurs et des hippies.

Emballés par le projet, les deux hommes ont ensuite engagé Michael pour développer le scénario, qu'il a vendu à Carolco en 1991 sous le nom de Cliffhanger, dans le dos de Long (crédité avec la mention « d'après un prémisse de ») et Hines et Zatolokin (généreusement dédommagés et crédités au générique comme producteurs). L'auteur Jeff Long a longtemps soutenu que son roman Angels of Light tiré de la même histoire avait servi d'inspiration, mais n'a jamais obtenu gain de cause.

 

photoJeff, fais pas le con, lâche de piolet

 

L'action du film se situe dans les Montagnes Rocheuses du Colorado, mais le tournage a eu lieu dans les Dolomites italiennes et a été un calvaire. En plus du froid et de l'altitude qui ont mis à mal les caméras et la santé de l'équipe, plusieurs techniciens ont été frappés par la foudre et les accidents se sont aussi poursuivis en studio, avec un Stallone qui s'est cassé la main et a failli se noyer en tournant une scène de combat face à Rex Linn. Le film a également été marqué par la mort de Wolfgang Güllich, un grimpeur allemand de renom qui avait été engagé comme consultant et doublure de Stallone.

Après une bande-annonce marquante sur le Requiem de Mozart, Cliffhanger est présenté hors compétition en avant-première au Festival de Cannes et débarque en salles en mai 1993. À sa sortie, le film remporte un immense succès, avec 84 millions de dollars à domicile et 255 à l'international, pour un budget estimé à 70 millions (hors inflation et frais marketing), relançant ainsi la carrière de Stallone. L’acteur enchaînera ensuite avec l’incroyable Demolition Man et L'expert, avant de dégringoler à nouveau avec Judge Dredd, qui a fait un bide au box-office même s’il a été réhabilité depuis.

 

Photo Sylvester StalloneRemonter la pente

 

ROCKY MOUNTAINS

Sans perdre une seconde, Cliffhanger démarre sur une falaise, où Gabe Walker (Sylvester Stallone) est appelé à la rescousse par sa femme secouriste Jessie (Janine Turner) et son collègue Frank (Ralph Waite) pour aller chercher leur autre collègue, Hal (Michael Rooker), coincé avec sa copine Sarah (Michelle Joyner) au sommet d'une montagne. Arrivé là-bas à la force de ses bras et ses jambes, Gabe installe un câble avec l'aide de Jessie et Frank et parvient à sauver Hal, mais voit Sarah mourir sous ses yeux alors qu'il essayait de lui venir en aide.

Après une absence de presque un an, Gabe retourne chez lui, mais se retrouve embarqué malgré lui dans le sauvetage d'un crash d'avion, avec à son bord Eric Qualen (John Lithgow) et un groupe de braqueurs-terroristes prêt à tout pour mettre la main sur les 100 millions de dollars qu'ils ont laissé tomber pendant leur braquage de haut vol.

 

photo, John Lithgow, Rex Linn, Michael RookerCalvitie gang

 

Après avoir introduit vite et bien son personnage torturé par les remords, puis ceux qu'il va côtoyer et affronter durant son périple neigeux, l'intrigue fonce tête baissée et enchaîne les scènes spectaculaires et autres rebondissements jusqu'à la fin avec assez de maîtrise et de rythme pour délivrer un scénario simple, prévisible, mais terriblement efficace.

Du crash d'avion aux explosions en ant par les fusillades, le grand méchant sans scrupules ou les dialogues qui déversent punchlines sur punchlines, tout y est pour remplir le cahier des charges d’un film d’action digne de ce nom. Au milieu des massifs montagneux qu'il connaît comme sa poche, Gabe Walker multiplie les moments de bravoure et grimpe une paroi sous un blizzard avec seulement un t-shirt sur le dos, distribue de bonnes grosses droites et trouve même le temps de faire un bonhomme de neige.

 

Photo Sylvester StalloneJ'ai mis un bâton de dynamite à la place d'une carotte  

 

Plusieurs gros défauts viennent entacher le scénario, notamment au niveau des personnages secondaires, qui sont pourtant interprétés par un casting plus qu’honorable, composé de Michael Rooker, Rex Linn ou Janine Turner pour ne citer qu’eux. Hal, le copain de Gabe retenu prisonnier, est un type détestable, qui fait surtout office de guide de haute montagne pour les braqueurs, avec qui il se prend la tête tout le long du film.

Jessie, la femme de Gabe, le suit dans sa randonnée à la recherche des valises pleines de billets, mais ne sert à rien d’autre qu’à se faire enlever pour ensuite être sauvée. Sans parler de Frank ou des deux jeunes adeptes de base-jump qui ne sont présents que pour être jetés en pâture, comme tous ceux qui accompagnent Qualen. Néanmoins, cela n’empêche pas de ressentir un plaisir même pas coupable devant ce film schizophrène.

 

photo, Michael Rooker, Caroline GoodallIl est où James Gunn ? 

 

Renny Harlin ne se démarque pas particulièrement au niveau de la réalisation, soignée et lisible, mais profite d'un cadre exceptionnel, qui apporte clairement une sensation d'isolement et de vertige, avec des plans et des décors aussi sublimes qu'étourdissants, accompagnés de l’excellente musique de Trevor Jones. Le film a même été nommé aux Oscars pour ses effets visuels, sa bande-son et son montage sonore, mais est reparti bredouille face à un certain Jurassic Park qui les a tous raflés.

Même si l'intrigue laisse assez peu de place au suspense avec son rythme effréné, le réalisateur parvient quand même à inoculer une certaine tension et exploite son environnement autant qu'il le peut. Forcé de faire preuve d'ingéniosité lors de certaines séquences, il parvient à mettre en avant la dangerosité de l’escalade en haute montagne avec un certain réalisme technique qui participe un peu plus à l’immersion, mais qui est vite oublié pour laisser place au spectaculaire à base d’explosions, d’effusions de sang et de confrontation au bord du gouffre.

 

photoRestez deux par deux et lacez vos chaussures 

 

SOYEZ SYMPAS, RAMBOBINEZ

Cliffhanger réunit tous les ingrédients d’un film d'action typique des années 90 et plus encore, avec son héros qui n’a rien demandé à personne ou encore son antagoniste aussi futé que cinglé (incarné par un John Lithgrow en roue libre, aussi sadique que jouissif), mais semble quand même tiraillé entre deux époques, à l'image de son acteur principal.

Alors qu’il nous présente cet alpiniste chevronné qui se sent responsable de la mort de la copine de son ami, le scénario retombe vite dans les travers du film d’action bourrin des années 80. Gabe Walker est clairement assimilé à l'archétype du héros normal instauré par Die Hard et le film reprend même certains éléments du scénario de John McTiernan, mais le personnage pourrait tout aussi bien être considéré comme un cousin germain de Rambo, qui aurait troqué sa jungle vietnamienne pour les montagnes du Colorado.

Au mauvais endroit au mauvais moment, il se retrouve embarqué dans un conflit face à une bande de braqueurs-soldats-terroristes et les tue les uns après les autres parce qu’ils ont perturbé sa tranquillité et embêté ses copains, à la manière de John Rambo.

 

photo, Sylvester Stallone, Janine TurnerAprès le Vietnam et l'Afghanistan, les montagnes enneigées

 

Une fois que les terroristes débarquent et qu’il se retrouve seul face à eux, Gabe devient une sorte de soldat surentraîné, qui résiste à presque tout, peut tuer ses ennemis avec à peu près n’importe quoi, toujours avec un coup d’avance sur eux. Plusieurs scènes semblent même directement tirées de la décennie précédente, comme en témoigne par exemple l'affrontement dans la grotte entre Gabe et Kynette. L'homme de main dégaine son énorme couteau digne de Commando (auquel on a consacré un dossier juste ici), puis le combat prend des allures de match de catch, avec un dénouement aussi absurde que sanglant.

Ce héros capable de grimper n’importe quelle paroi, de survivre à des températures glaciales et de décimer un groupe de malfrats armés jusqu’aux dents est aux antipodes de ce que l’intrigue tente de nous présenter dans les premières minutes, mais correspond parfaitement à l’image qu’on se fait de Sylvester Stallone.

 

photo, Sylvester StalloneEt maintenant, sans les mains

 

Cliffhanger repose beaucoup sur les épaules encore fringantes de l’acteur, mais aussi sur ses cascades, réalisées pour la plupart en conditions réelles, avec une prouesse qui force le respect. Y compris la scène d’introduction inoubliable avec une Michelle Joyner véritablement suspendue dans le vide et une chute de 160 mètres par la cascadeuse Georgia Phipps, ou encore le casse en plein air, avec le age d’un homme entre deux avions en plein vol à 4 600 mètres d’altitude.

La scène est d'ailleurs entrée dans le livre des records pour être devenue la cascade aérienne la plus chère de l’histoire. Un exploit tourné aux États-Unis parce qu’illégal en Europe, pour lequel le cascadeur Simon Crane a été payé un million de dollars et qui a tellement plu à Stallone que l’acteur a carrément déboursé un million de sa poche pour qu’elle soit réalisée.

 

photoLe grand saut

 

Même après trois décennies, ces cascades sont toujours aussi impressionnantes et ne seraient sans doute pas concevables aujourd'hui, sauf si on s'appelle Tom Cruise.

Cliffhanger reste un pur divertissement dont on se délecte sans ménagement, autant pour son scénario hybride, son casting qui a lutté face au froid et au mal aigu des montagnes ou ses cascades complètement folles, que pour son Sylvester Stallone. Cet acteur qui reste cette figure masculine au cœur tendre, bardée de testostérones, prête à casser la gueule à celui qui se mettra en travers de son chemin. Surtout s’il est méchant et communiste.

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Barnabé Scherelle
Barnabé Scherelle
il y a 2 années

« s’adapter à la transition qu’a opéréE le cinéma d’action hollywoodien »

étendart
étendart
il y a 2 années

un dés meilleurs de stallone , particulérement impréssionnant , accrochez-vous bien !

Ethan
Ethan
il y a 4 années

@à l’auteur de l’article
Ce film est vraiement un meilleur de Stallone

La scène de la fin de Mission impossible Fallout est une pâle copie de la scène de Cliffanger.
N’êtes vous pas d’accord ?

alulu
alulu
il y a 4 années

Le film dont on parle jamais est La taverne de l’enfer.

Mx
Mx
il y a 4 années

En effet, first blood, cliffhanger, demolition man, et oui, excellent choix, haute sécurité, l’un des meilleurs films de prison, avec un putain de cast, tom sizemore dans l’un de ses tous premiers rôles, donald shuterland impérial en chef sadique, sonny landham en frappe violente, une très bonne mise en scène, de la tension, un film dont on parle peu souvent dans la filmo de sly, et pourtant c’est l’une de ses plus grandes réussites!!

captp
captp
il y a 4 années

Plus que haute sécurité et vous aurez coché les 3 films (avec demolition man) que j’adore en secret de Stallone. 🙂
Ces articles sur la genèse et les tournages de films c’est de la bombe. J’adore et en veux plein ;p Merci.

Mx
Mx
il y a 4 années

nan c’est un tâcheron.

mais un tâcheron avec une filmo type « plaisir coupable », comme une overdose de crépes au nutella, c’est bon, mais c’est pas bon haha!!

alulu
alulu
il y a 4 années

Harlin a quand même une bonne filmo mine de rien, Etat de guerre, Die Hard 2, Les Aventures de Ford Fairlane, Au revoir à jamais et Cliffhanger.

Mx
Mx
il y a 4 années

Lol, oui surtout qu’i lfaut deux mains pour conduire un hélico!!

pour moi l’un des meilleurs harlin, avec, dans une autre mesure peur bleue, lol, et les punchlines de cliffangher:

« tu voudrais bien me tuer, tucker?

ben fais comme tout le monde, prends un numéro et fais la queue! »

Ray Peterson
Ray Peterson
il y a 4 années

Un plaisir coupable 90’s lorgnant vers Die Hard avec des moments tellement pas probables (John Lithgow braquant Janine Turner avec son gun à travers la vitre de son hélicon vol stationnaire entre autre…).

Mais cela reste bien foutu! Michael Rooker impeccable, Jack Dalton de MacGyver venu faire coucou, Trevor Jones aux platines, le grand Alex Thompson qui filme les montagnes comme personne et une scène d’intro qui me rappelle que les ratons laveurs ne sont pas immortels.
Bref, La belle époque quand Harlin était encore capable de.