Plus de 15 ans après sa sortie, Le Roi Arthur d’Antoine Fuqua est encore dans les mémoires. Un constat qui pourra étonner, le film n’ayant pas fait de ravages au box-office et ayant été éreinté par la critique. Mais alors, pourquoi le film reste-t-il si curieusement cool ?
Le premier péplum qui se termine sur une free party
NOT YOUR REGULAR ARTHUR
Historiens, amateurs ou connaisseurs de la légende arthurienne comme de la décadence de l’Empire romain n’ont pas manqué de le souligner, le blockbuster produit par Jerry Bruckheimer traite son sujet avec le sérieux d’un vétérinaire manchot disséquant un castor lapon. Armures, armes, postures, décors, rien ne colle à la période où se déroule les évènements du film. Il en va de même pour la mise en contexte de ce dernier, pas franchement en phase avec les soubresauts romains de l’époque, tandis que le portrait fait des différents peuples évoque plus un pastiche d’Astérix sous stéroïdes qu’une reconstitution sérieuse.
Il n’empêche, Le Roi Arthur a pour lui un ingrédient plutôt intéressant, ou à tout le moins singulier : rares sont les œuvres à tenter de réconcilier légende arthurienne et contexte historique, fut-il simplifié. En effet, en assumant de faire du fondateur de Camelot un soldat de Rome bientôt renégat, amené à unifier, un peu malgré lui, un territoire menacé par le retrait de l’Empire, le blockbuster a participé au renouvellement de la figure du personnage auprès du grand public.
"Bon, mais c'est quand qu'on rentre à Winterfell ?"
On pouvait craindre que ce changement affaiblisse l’image ou l’aura du mythe, mais au contraire, le situant au confluent de plusieurs images du 7e Art, allant de la fantasy au péplum, Fuqua a, peut-être malgré lui, contribué à une autre image du souverain. De même, le travail de l’image n’est pas anodin dans l’aura de l’œuvre. Censé se dérouler alors que l’hiver s’abat sur les personnages, le film a été tourné durant l’été, en Irlande, alors sous le coup d’une canicule historique. Une situation qui a nécessité un travail massif sur le tournage, pour contrôler la photo, mais aussi une post-production intense, à l’étalonnage complexe.
D’où une image qui tranche avec les styles des Gladiator. Le rendu est sans doute plus artificiel, mais il est aussi plus vif, coloré, comme si le film luttait perpétuellement avec sa nature de fresque historique, pour menacer à chaque instant de virer dans le pulp fantasmagorique.
On relance d'un Mads Mikkelsen
FAUT QUE ÇA CHARCLE
Le réalisateur de Equalizer n’est pas connu pour son sens de la mesure ni son amour de la subtilité. Le présent film ne fait pas exception à la règle, tant le metteur en scène saisit la moindre opportunité de nous refiler une scène de baston de derrière les fagots. Qu’importe que son récit ne le justifie que moyennement, ou que lesdites séquences d’action soient parfaitement farfelues, il faut que ça charcle, et ça charcle.
Malgré ses prétentions historiques, le film ne peut donc s’empêcher de se tourner vers un certain sens du grand spectacle excessif en tout point, comme en témoigne l’emblématique scène des eaux gelées. Pour distancier les barbares de Cerdric et éviter un massacre, les compagnons d’Arthur brisent ainsi la glace sous leurs pieds, entraînant une orgie de cascades et d’incrustations numériques, qui forment un spectaculaire doigt d’honneur aux lois de la physique.
Les Chevaliers de la Table ronde de la Terre du Milieu du gros budget
À bien y regarder, cette logique du boum-boum envers et contre tout n’est pas très éloignée de ce qui présida aux dernières saisons de Clive Owen.
Et quand on ajoute à cette équation, pas fondamentalement déplaisante, que c’est Transformers 5 : The Last Knight du même réalisateur pour y déceler la véritable réponse à sa frustration de n’avoir pu mettre en scène une telle épopée.
On ne saura jamais comment Arthur a piqué sa cape à Superman
MODE OSEF ACTIVÉ
La brochette de talents réunis ici, on l’a déjà évoqué, n’appelle pas au sérieux. Et si le dévot des mythes arthuriens risque fort de s’étrangler devant le blockbuster, ce dernier a pourtant pas mal d’arguments capables d’en faire une curiosité, un plaisir coupable des plus amusants. Ainsi, la schizophrénie du projet, convaincu de renouveler son sujet, mais incapable de ne pas faire de grossiers rappels aux éléments les plus identifiés de la légende dont il s’inspire, peut prêter à sourire.
La tentative de faire de Merlin une sorte de Mandela britannique, ou de pré-leader d’un mouvement de rébellion en mode IRA celte n’est pas seulement débile, elle s’avère franchement hilarante. Hilarité qui se démultiplie encore quand on découvre, à la faveur d’un flashback dont les saccades évoquent les pires expérimentations des années 90, que le jeune Arthur s’est bien fait les poignets sur une grosse épée plantée en Terre. Une sorte d’Excalibur pour les nuls, qui ne manquera pas de faire rire les habitués.
Mais le côté portnawak de l’espace atteint des proportions délicieuses durant la grande bataille finale, grâce à deux ingrédients distincts.
D'abord, Antoine Fuqua avait ambitionné de réaliser un film beaucoup plus violent que celui que nous avons découvert en salles (et bien plus encore que la soi-disant version non censurée sortie en vidéo). Les équipes de post-production ont fait de leur mieux pour supprimer les gerbes de sang qui devaient recouvrir l’écran, avec une réussite indiscutable... quitte à rendre le climax presque un peu clownesque. En effet, on ne compte plus les coups mortels, grands moulinets d’épées, ou mutilations, privées d’hémoglobine, conférant à l’ensemble un aspect de délire de cours de récréation, franchement bizarre, mais étonnamment ludique.
Puis, le film se lâche totalement en matière de combats. Lancelot fait le kéké avec deux épées, un gros bourrin manie une masse d’arme comme un sabre laser, tandis que nous découvrons, ahuris, que les Pictes se sont transformés en teufeurs adeptes des tatouages tribaux. Mais bon, quand on sait qu’ils ont été renommés par les exécutifs hollywoodiens “Woads”, parce que les pontes du studio n’aimaient pas leur véritable nom, on s’étonnerait presque de ne pas voir débarquer un bateau volant, des Orcs ou un bon vieux dragon portant la bannière étoilée.
Le Roi Arthur est-il un film réussi ? Rien n’est moins sûr. Peut-il prétendre s’élever au-dessus des productions concurrentes de son époque ? Là aussi, difficile de l’affirmer. Mais son mélange d’absolue détente, de recherche intensive du spectacle et le grand bazar qui paraît avoir présidé à sa production concourent à en faire, encore aujourd’hui, un blockbuster intensément divertissant et décomplexé.
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La meilleure quête du Graal c’est celle de SG1, pi c’est tout
J’aime beaucoup ce film. Après c’est sur que la musique de Hans Zimmer est un pur chef d’oeuvre !
Trop top !!! Les vikings sur la glace ! Keira peinturlurée !!! Et la musique de Hans !!!
Le meilleur restera toujours Excalibur !
C’est sûr que comparé au Arthur de ritchie, il n’est pas mal. Il faut croire qu’adapter les légendes arthurienne n’est pas évident. Peut de film s’en sorte bien… pourtant il y a matière à en faire un truc entre seigneur des anneaux et games of thrones.
le film est resté dans les mémoires !!?,…..Heu , dans quelles mémoires ??
Je pense que vous le mentionnez dans l’article, mais la musique de Zimmer y est aussi pour beaucoup. Le thème all of them est hyper puissant.
Et voir Nightwish en concert à l’époque de Once avec cette intro, boudu…
Je me souviens que Keira Knightley était un poil ronchon car sur les affiches, on lui avait photoshoppé des seins alors qu’elle n’en a pas ou peu.
On la comprend !
pour ma part, je ne l’ai pas trouvé terrible ce film, tous les acteurs tirent la gueule, globalement ça se laisse suivre, mais bon, c’est du Fuqua donc vite oubliable