Depuis plusieurs décennies, mangas et animes japonais trouvent un écho profond dans la culture collective française. Et si Akira, cette création constitue une pierre angulaire fascinante, sur laquelle il est urgent de se pencher à nouveau.
De grandes ambitions pour la SNCF
VERS L’INFINI ET AU-DELÀ
Dans un futur lointain, l’humanité s’est développée bien au-delà des limites de la planète Terre, colonisant l’espace, le système solaire et plusieurs galaxies. Plus encore que l’expansion industrielle, la quête de l’immortalité semble en être la finalité, rendue possible par la planète Andromède, où à l’issue d’un long et coûteux périple, chacun pourra être transformé en robot, accédant à la vie éternelle grâce à l’artificialité d’un corps nouveau.
Quand un de ces androïdes, le Comte de Fer, abat froidement sa mère sous ses yeux, le jeune Tetsuro décide d’embarquer pour le légendaire train spatial Galaxy Express 999, afin d’échapper à la mort à son tour. Il fait la rencontre de la mystérieuse Maetel, qui lui offre un billet pour voyager à ses côtés. Tous deux vont parcourir le cosmos et faire, des années durant bien des rencontres, qui les amèneront à reconsidérer leur projet d’immortalité, tout en jouant un rôle dans une épopée plus vaste, intimement liée aux origines de Maetel et aux violents conflits qui déchirent la galaxie.
L’univers de Galaxy Express 999 est immensément complexe et vaste, et sa genèse l’est tout autant. La fresque est très loin d’être la seule venue du Japon à s’être à la fois épanouie sous forme de manga, d’anime et de longs-métrages. En revanche, elle est probablement une de celles qui a le mieux tiré parti de la multiplicité de ses s, parvenant à enrichir son background, ses intrigues et personnages au gré de ses allers-retours entre animation et papier.
Entre western et pré-cyberpunk
C’est le mythique Albator, le corsaire de l'espace, ou encore l’adaptation de X, de Clamp.
Autant dire que cette saga qui se déploie de l’enfance de Tetsuro jusqu’à son âge adulte, jouit du génie créatif d’immenses artistes, qui vont offrir là un remarquable échantillon de leur talent. La simultanéité de ces formats et la réussite de chacun de ses auteurs expliquent sans doute pourquoi la série déclinera différemment ses intrigues sur papier ou à l’écran, développant ou tronçonnant certains axes en fonction des médiums, transformant, soustrayant ou ajoutant des personnages selon ses versions.
L’ODYSSÉE DE FER
La grande force de Galaxy Express 999, c’est d’abord et avant tout le trait de Matsumoto, reconnaissable entre mille, qui fit la gloire d’Albator à partir de 1969. Et si ce sont bien les aventures du corsaire de l’espace qui ont valu à l’artiste une grande partie de sa reconnaissance mondiale, il n’est pas interdit de penser que la création qui nous intéresse propose une fresque au moins aussi riche et impressionnante pour la rétine.
Les deux récits se déroulent dans le même univers et partagent des personnages ou décors en commun, mais là où Albator demeure avant tout un space opera dément, Galaxy Express 999 propose un voyage peut-être encore plus varié et onirique. Démarrant comme une sorte de néo-western, parfois proche du pastiche, tant les symboles de l’Ouest abondent, le récit va progressivement mêler une quantité phénoménale d’influences, pour engendrer des images et concepts inoubliables.
Les costumes, les armes, le concept même du train et de son chemin de fer y font directement référence, comme les multiples cités ou bourgades désertiques, battues par les vents, que traversent nos héros. Mais ce théâtre de l'Ouest se mêle miraculeusement bien aux codes du space opera, lequel n’hésite pas à verser dans une poésie presque absurde, alors que se déroulent sous nos yeux ces rails traversant les galaxies de part en part, sans la moindre inquiétude concernant leur invraisemblance.
Le design global est tout aussi hybride, et fait appel à ce qu’on n’appelle pas encore le cyberpunk, dont il anticipe les mégapoles, ou encore le transhumanisme, quantité de ses protagonistes étant mû par un désir d’immortalité et donc de déement du corps. Avec un sens désarmant du vertige, la série multiplie les perspectives affolantes et les panoramas évocateurs, qui allient tous ces mouvements en un alliage improbable. Et nos héros, après avoir échappé à un affrontement impitoyable, d’irer de colossales baleines spatiales, comme pour mieux signifier au spectateur qu’il est immergé dans un trip sans limites, où le voyage importe clairement plus que la destination.
L'incroyable rendu de la série est sans doute dû à la patine des années. Bien sûr, l'animation a spectaculairement progressé depuis la fin des années 70, et la production japonaise n'a plus recours aux mêmes artefacts pour accélérer la fabrication d'épisodes. Pour autant, cette production alors encore largement analogique et artisanale amène des choix esthétiques différents, des couleurs et des textures beaucoup plus organiques et éclatants que ceux auxquelles nous ont habitués les anime ou mangas contemporains.
Le résultat tient autant du retour en arrière que de la redécouverte d'effets et de sensations trop vite oubliées. Enfin, cette esthétique contraste superbement avec les codes de SF qui saturent Galaxy Express 999, renforçant encore la poésie générale de l'ensemble. Un ressenti dont jouit également une autre grande aventure du même genre, Ulysse 31.
Emeraldas, guerrière de légende
L’ÉTOFFE DES HÉROS
Mais Galaxy Express 999 ne se contente pas de nous donner à voir un monde stupéfiant, à l’esthétique incroyable. C’est aussi l’écrin de personnages profonds, aux destins formidables. Tetsuro pour commencer, qui croît et murit au fil du show, avec une intelligence que bien peu d’oeuvres auront su proposer (les plus jeunes spectateurs retrouveront dans le rythme général une des inspirations de Fullmetal Alchemist). Sorte d’écho à Albator, auquel il fait penser, tant dans son destin, que l’ampleur que son personnage prend d’épisode en épisode, le garçon puis jeune homme est beaucoup plus que le véhicule de l’histoire.
Mentor, figure tragique, incarnation du destin et esquisse d’un amour impossible, Maetel est aussi un grand personnage, dont l’influence se fait sentir dans les anime, des décennies après sa création. Ainsi, Mitsuko de Neon Genesis Evangelion partage avec celle qui initie notre voyage spatial plusieurs traits frappants. Notons également la présence d’Emeraldas, figure de la mythologie Albator et soeur de Maetel, qui donne à l’ensemble quelques scènes puissamment iconiques.
Un univers qui déborde de culte
Ensemble, ils vont faire l'expérience de la dureté de l'existence, au gré d'épreuves qui dessinent une carte terrible de l'humanité, de ses aspirations et de la manière dont le monde les brise. On se confronte à l'avidité, aux ravages (moraux et physiques) du désespoir, et progressivement, c'est un discours articulé et assez radical qui se dessine. Dans un monde à la fois brutalisé et maîtrisé par la technologie, l'humanité reflue, la lutte des classes fait rage, bien que son issue ne fasse aucun doute. Se transformer en machine insensible apparaît à la fois comme un rêve atroce et la seule issue pensable pour plusieurs personnages.
On pourrait ainsi décliner durant des pages les protagonistes, adversaires ou personnages aperçus dans la série, au charisme délirant. Mais plutôt que de proposer un catalogue un peu stérile peut-être faut-il ici rappeler pourquoi Galaxy Express 999 n’a pas eu tout à fait le même écho dans l’Hexagone qu’ailleurs dans le monde. En effet, malgré 113 épisodes au compteur, seuls 38 ont été diffusés chez nous, en 1988 dans le cadre de l’émission Le Club Dorothée. Concernant le manga, il a été édité en par Kana, seulement à partir de 2004.
Et si cela aura suffi à greffer, dans le cerveau d’une génération, des images marquantes tout en prolongeant l’imaginaire des fans d’Albator, difficile pour autant de se transmettre d’un bassin de public à l’autre, pour une création à la diffusion si morcelée. Ainsi, et c’est peut-être un enjeu des plus stimulants, cette épopée grandiose est aujourd’hui à redécouvrir, au moins pour le grand public, et pour les spectateurs curieux d’animes et de mangas, en quête de classiques, ou tout simplement de découvertes.
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Il y a eu au moins 2 long métrage en tout cas j en ai deux.
Galaxy express et adieu Galaxy express.
Deux mangas.
Et une cohorte de séries Galaxy express, maetel saga, martel symphonie. Un spin off Galaxy railways.
Ce manga est tiré d un livre plutôt d une nouvelle, train de nuit pour la voie lactee Miyazawa, tire également en dessin animee qui met en valeur l histoire de deux chats. L auteur a été très inspiré de la tragédie du Titanic pour rendre hommage aux morts de ce tragique naufrage. Un malheur a permit de créer une très belle œuvre littéraire puis graphique et ensuite donne un des meilleurs univers de la science fiction. Merci Leiji. Un film devrait normalement voir le jour.
Un très grand film tout simplement
Surtout qu’on a eu que quelque épisodes en .
Les films sont également très bien et édité en DVD en .
Dommage que cette série ne soit pas trouvable en DVD.
Punaise vous venez de me donner un coup de vieux en me rappelant cette série que je mattais sur la 5 apres l ecole. Le générique me donnait des frissons et j enviais le gosse pour sa babysitter.