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Mufasa : Le Roi Lion – critique de la bête de foire de Disney

Par Déborah Lechner
18 décembre 2024
MAJ : 2 février 2025

En 2019, le remake photoréaliste du Mufasa : Le Roi Lion serait forcément mieux que le copier-coller de Jon Favreau, c’était bien mal connaître Disney. ATTENTION : SPOILERS !

© Canva Disney

L’HISTOIRE DE L’AVIDE

A priori, Mufasa : Le Roi Lion promettait le meilleur comme il annonçait le pire. Le meilleur : une histoire originale sur les origines de Scar et Mufasa, ainsi que l’arrivée de Barry Jenkins, le réalisateur du film oscarisé Moonlight, pour prendre le relai de Jon Favreau. Le pire : une autre galerie de lions photoréalistes au regard vide et le risque de voir un autre cinéaste talentueux être broyé et digéré par la machine Disney. Et sans grande surprise, c’est exactement ce qu’il s’est é.

Comme Guy Ritchie sur Aladdin, David Lowery sur Peter Pan & Wendy ou Robert Zemeckis sur Pinocchio, la présence de Jenkins derrière la caméra (fictive) est indécelable tant ce film s’apparente à un autre produit d’usine, sans âme ni vision un tant soit peu artistique.

Pourtant, si le réalisateur n’avait clairement pas le bagage nécessaire en matière de budget et d’effets spéciaux, l’histoire d’un jeune paria qui cherche sa place dans le monde n’était pas si éloignée du reste de sa filmographie. Mais à la place d’un drame intimiste aux élans romantiques et sociaux (Mufasa étant un roturier parmi les nobles), Disney nous sert simplement un Roi Lion mal-réchauffé. Celui-ci convoque donc autant les mauvais souvenirs du remake de 2019 que ceux, plus indélébiles encore, du Roi Lion 3 (les deux ayant d’ailleurs été faits pour toutes les plus mauvaises raisons possibles)…

Le Roi Lion 3
Pardon d’avoir rappelé l’existence du Roi Lion 3

LE RECYCLAGE ETERNEL

Bien qu’il narre une histoire originale, Mufasa est incapable de créer ses propres images fortes et de trouver ses propres motifs. Il se contente donc de reprendre ceux du Roi Lion, multipliant les références quand il ne rejoue pas carrément certaines scènes (les variations à peine cachées de Je voudrais déjà être roi et L’Amour brille sous les étoiles). Et même si le design des lions est légèrement moins photoréaliste qu’en 2019, ils manquent toujours d’expressivité, tandis que la mise en scène des séquences musicales reste limitée par cette charte graphique incompréhensible.

Alors qu’il avait un boulevard vide sur lequel avancer, le film ree paresseusement (ou craintivement) par le même chemin balisé que le Classique de 1994 : le traumatisme et la séparation de Mufasa et de sa famille, la mort de son père dans une catastrophe, la création d’une famille de substitution avec des amis mal assortis, un usurpateur autoproclamé, le retour du roi et générique de fin. Pour le reste, on a droit à un voyage jusqu’à la Terre promise des lions qui, s’il permet au moins de varier les paysages, n’a rien d’une Odyssée, à peine d’une randonnée.

De fait, le film cède au fan service facile et lourdingue, mais pas aussi lourdingue que Timon et Pumbaa qui desservent totalement le long-métrage.

Timon doublé en VF par Jamel Debbouze et Pumbaa par Alban Ivanov 

Mufasa n’est pas un prequel au sens strict du terme. L’histoire de Taka et Mufasa est racontée par Rafiki à Kiara, la fille de Simba et Nala, qui attend le retour de ses parents sous la surveillance des deux abrutis. Sauf qu’il est difficile de se plonger dans le récit du mandrill quand celui-ci est entrecoupé de chansons oubliables (signées Lin Manuel Miranda) et de vannes de pet de Timon et Pumbaa.

Mais il aurait été impensable (surtout à quelques jours de Noël) de ne pas caler au forceps les deux mascottes, aussi inutiles et encombrantes soient-elles, ce qui a tout d‘un ultime aveu d’échec. En plus de bousiller le rythme du film et nous sortir constamment d’une histoire dans laquelle on a déjà du mal à entrer, leurs interactions puériles torpillent aussi le peu de sérieux et de gravité que peut avoir l’histoire.

Mufasa
Ton pire cauchemar (d’adulte)

Globalement, au vu du pitch censé être tragique (le déchirement de deux frères et la naissance d’un royaume dans le sang), tout manque de profondeur et d’épaisseur, notamment Mufasa et Sarabi qui ne sont que de timides déclinaisons de Simba et Nala auquel le scénario fait semblant de s’intéresser.

Quant à Rafiki, il a le droit à deux minutes d’origin-story à trous, ce qui est déjà plus que Zazou et le méchant Kiros. Évidemment, le plus gros gâchis reste Taka, le futur Scar, qui offrait plein de pistes narratives, mais se retrouve avec un traitement similaire à celui de Daenerys dans la saison 8 de Game of Thrones… À ce stade, on se demande comment Disney pourrait faire pire, mais ce serait oublier que Blanche-Neige et Lilo et Stitch sont en route.

Mufasa, affiche
Rédacteurs :
Résumé

Mufasa : Le Roi Lion souffre des mêmes lacunes que la plupart des remakes ou spin-offs en prises de vues réelles, et s’achève lui-même en recrachant le Classique de 1994 de la même façon qu’un chat vomirait ses boules de poils.

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Loic Richard
Loic Richard
Abonné
il y a 2 mois

Mais quel raté ! Je ne vais pas redire ici tout ce qui ne va pas dans ce film, tout a déjà été très bien dit dans l’article.
Je rajouterais juste deux choses :
– c’est quoi ces archi gros plans en permanence, et ces zooms en va et vient sans arrêt ? Quelle angoisse !!!
– c’est quoi ces chansons ?! Il serait peut-être temps de convenir que Lin-Manuel Miranda n’a servi que de la soupe depuis Hamilton. Et c’était pas y a 3 ans… Pour être honnête, j’ai même cru que c’était un mauvais compositeur qui cherchait à faire du sous-Miranda. De l’autre côté, les compositeurs de Vaiana 2 ont copié son style… et s’en sont beaucoup mieux sorti !

Pseudo1
Pseudo1
il y a 5 mois

Il y avait un boulevard pour faire une origin story sympa et potentiellement épique, ils ont pourtant trouvé le moyen de se gaufrer.
Je ne blamerai pas Jenkins (qui n’a sans doute pas eu son mot à dire), mais j’avoue, j’ai vraiment du mal à piger ce que Disney a dans le crâne à part le pognon.

Eomerkor
Eomerkor
il y a 5 mois

Un film pour enfant. J’imagine que les enfants que les parents sortiront au ciné vont probablement er un bon moment en cette fin d’année. Peut-être que Barry Jenkins n’a pas été capable de restituer le merveilleux du conte des années 90 mais un Moonlight entre félidés (consentants bien sur) aurait été hors de propos. C’est donc purement un film pour enfant et je reconnais que ce doit être déconcertant pour ceux qui l’étaient il n’y a pas si longtemps et essayent vainement de er dans le monde des adultes.

ludo3101
ludo3101
il y a 5 mois

Mais pourquoi diantre confier la Critique du Roi Lion 2 à quelqu’un qui a détesté le Roi Lion 1 ? Quelqu’un qui pourrissait déjà le film avant de le voir en faisant la revue de presse US ?

J’ai pas vu le film, et je m’en moque un peu. Mais moi au moins je me fais pas souf pour aller voir un film que je ne vais pas aimer pour saper le moral du public ciblé.

Bref, je trouve la façon de procéder un peu nulle. J’aime bien vos critiques quand je sais me positionner, c’est à dire que le critique est allé voir le film avec la même envie que j’aurais pu avoir, quitte à lire une mauvaise critique. Là au moins j’aurais su me positionner.

motordu
motordu
Abonné
il y a 5 mois

Dans mes souvenirs c’était très rigolo Le Roi Lion 3 pourtant !