Films

Pan : critique imaginaire

Par Simon Riaux
17 mars 2023
MAJ : 21 mars 2023

Premier blockbuster de Garrett Hedlund devait être le chapitre introductif d’une trilogie consacrée aux origines du héros inventé par J.M. Barrie, Peter Pan. Mais après un cafouillage qui amènera à repousser sa sortie estivale jusqu’en octobre et un flop retentissant sur le territoire américain, cet ambitieux projet a été avorté. Un échec mérité ?

Pan : Affiche

I BELIEVE I CAN FLY

Ce n’est pas vraiment un scoop, les rêves d’enfants sont anarchiques, formidables juxtapositions d’envies et de souhaits parfois contradictoires. Qui n’a jamais rêvé de chevaucher une licorne bicéphale, montée sur ressorts, armée de grenades à fragmentation et chantant du métal ? Voilà qui tombe bien, car c’est précisément ce qu’est le Pan de Joe Wright : une licorne bicéphale, montée sur ressorts, armée de grenades à fragmentation et chantant du métal.

 

photo, Levi MillerLa carte de l’échec commercial

 

En moins d’un quart d’heure, le réalisateur empile ainsi les univers et les références à une vitesse frénétique. D’une introduction en forme de film noir, on e à du pur Dickens, pour enchaîner à toute vitesse sur une bataille spatio-navale (vous avez bien lu) dans le ciel d’un Londres bombardé par les forces de l’Axe. Une première bobine qui se conclut par un voyage en direction du pays imaginaire, à travers une séquence qui emprunte beaucoup à Yellow Submarine pour sa poésie psychédélique.

 

photo, Levi Miller, Hugh GrantJeu d’ombres

 

Et il ne s’agit là que de l’ouverture du film, qui va ensuite s’emballer pour trouver non pas une vitesse de croisière, mais bien un rythme qui s’approche de la folie furieuse. Les inventions visuelles, les hybridations stylistiques s’entremêlent quasiment dans chaque plan alors que Joe Wright transforme et tord la mythologie de J.M. Barrie (en en respectant scrupuleusement l’esprit). Que Barbe Noire, sous les traits d’un fabuleux Hugh Jackman grimé en samouraï, entonne Smells like Teen Spirit de Nirvana avant de massacrer des enfants, ou que Garrett Hedlund marie Indiana Jones et James Dean tel un funambule, l’euphorie des mélanges contamine rapidement le spectateur.

 

photoOn s’envole ?

 

PAN DANS LA GUEULE

Bien sûr, cette gloutonnerie visuelle, ce raz de marée d’influences, qui convoque aussi bien Akira que Superman lors d’un final épique, ne s’accomplit pas sans que l’on sente ici et là le poids du studio. La structure narrative de Pan est ainsi très fonctionnelle. Et si on eut apprécié des rebondissements un peu plus audacieux, cette apparente faiblesse permet cependant au métrage de se focaliser sur ses innombrables décharges esthétiques.

 

photo, Hugh GrantHugh Jackman

 

De même, on pourra regretter que le personnage de Mouche soit trop mécanique, ou que l’excellente Rooney Mara ne bénéficie pas de plus de temps de présence à l’écran pour inf son charme acéré.

Mais ces menus défauts n’entament en rien l’émotion dégagée par Pan. Elle naît de cet empilement anachronique et invraisemblable, de cette connexion d’idées explosives. Car pour ressusciter notre enfance, il fallait nous replonger dans cet état proche et lointain ou l’imagination, encore débridée, associe avec gourmandise des objets épars et hétéroclites. Joe Wright y parvient avec une maestria bouleversante.

 

Affiche

Rédacteurs :
Résumé

Frénétique et magnétique, Pan est un rêve de gosse anarchique et généreux, qui nous explose en pleine figure.

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Flo
Flo
il y a 2 années

Joe Wright, sa théâtralité, Peter Pan, un prequel… Imaginant que ça commence plutôt pendant les bombardements londoniens de la Seconde Guerre Mondiale, mais dans un orphelinat complètement Dickensien !?
En mode « F#ck le contexte original, c’est trop limitatif ! ».
Parce-que le réalisateur voulait se faire plaisir en montrant la RAF pourchasser un galion pirate volant (c’est vrai que c’est marrant, mais c’est court). Ou un Barbe Noir introduit comme si on était dans un Animé japonais, au milieu de pirates aux faux airs de Mad Max dans une mine exploitant de la poudre… de fée.
Et pendant qu’on y est, rajoutons des chansons de Nirvana et cie, et racontons tout ça en dupliquant Star Wars à l’identique.

Si c’était assumé comme complètement taré et dangereux, ça serait mortel.
Mais bon, il s’agit aussi d’un vrai film pour enfants qui, même si la cruauté est présente, ne pousse pas la radicalité trop loin – belle idée de représenter des tueries en remplaçant le sang qui gicle par des explosions de poudres multicolores.
Hélas, c’est un film qui contient également trop de codes appartenant aux prequels, à savoir « mettre des clins d’œil et les origines de telles ou telles rencontres », partout partout. Bien qu’un dialogue final semble servir de commentaire ironique sur ce mode de fonctionnement, trop confortable pour être excitant.
Là par contre, ça ne se la raconte pas trop, et le second degré y est un peu plus naturel malgré l’hystérie de l’ensemble.

Nono Pan
Nono Pan
il y a 2 années

Pour ma part, c’est une vraie une vraie purge, mais chacun voyage.

Atom
Atom
il y a 3 années

Une pépite ce film. Une très grosse pépite même.

Cacouac
Cacouac
il y a 4 années

Joe Wright est un cinéaste tellement plus ionnant que tous ces réalisateurs suffisants et poseurs qui drainent l’attention des médias classiques et du public…
Le mec se construit une carrière impressionnante, à contre-courant de toute mode ou de toute attente, à la fois trop classique et trop folle pour le grand public plus habitué à se faire caresser le poil sur le dos.
Son sens du tempo est tellement jubilatoire…

J’attends chacun de ses films avec curiosité, encore plus quand il fait un film sur Cyrano !

lambdazero
lambdazero
il y a 4 années

Chouette film, beaucoup d’idées, mais surtout beaucoup de plaisir des deux côtés de l’écran.

Batsy
Batsy
il y a 4 années

Ah, je vois que Simon est définitivement un homme de culture as well. Tout est dit dans le résumé. Dommage qu’on aura jamais de suite.

Jojo
Jojo
il y a 5 années

Merci Écran Large, ce film est très très sous estimé et mérite justice !

diez
diez
il y a 9 années

Merci EL. Encore une fois je ne vous comprend pas toujours. Mon roi est une belle experience de cinéma. Mais au dela de ca, vous avez reussit à saisir l’idée dominante de PAN. Un esprit aventuresque qui parcours le joies et peur de l’enfance et qui se permet des moments absoluments improbables sans pour autant etre idiots. Je pense a ces nombreuses idées qui font de PAN une aventure folle et originale. De la vraie féerie qui n’a rien à envier à Harry Potter. JOE Wright est genereux, pourzuoi ce flop ?

Il serait vain d’esperer la trilogie relancée par un potzntiel succes international, mais je vais esperer tellement le film malgré quelques defauts, vaut le detour.

Booker Dewitt
Booker Dewitt
il y a 9 années

Bonne critique, bravo (malgré les spoilers

La Rédaction
La Rédaction
il y a 9 années

« Taper », c’est effectivement le terme approprié.
😉