La Couleur des sentiments
Réalisateur de Training Day, des films Equalizer et du récent remake de The Guilty, Antoine Fuqua fait partie de ces cinéastes à posséder un certain goût pour le style et les effets de mise en scène certes généreux, mais un peu tape à l’oeil. Emancipation ne fait pas exception à la règle. Entre ralentis esthétisés, mouvements d’ampleur, compositions fouillées et pyrotechnies spectaculaires : à défaut d’être virtuose et/ou réellement impressionnant, Emancipation fait preuve d’un louable savoir-faire technique.
Ce goût pour la forme pourra satisfaire les spectateurs avides d’un certain plaisir plastique, qui plus est exalté par une photographie noir et blanc sélective, ici caractérisée par des teintes vertes et jaunes/orangées. Cette image signée Robert Richardson (chef opérateur de Quentin Tarantino ainsi que de quelques films réalisés par Oliver Stone et Martin Scorsese) rappelle d’ailleurs la petite fille en rouge de La Liste de Schindler, ou bien les couleurs surgissantes des Sin City.
Moins sensible, signifiant et généreux que ses prédécesseurs, Emancipation a malgré tout le mérite d’augmenter sa forme d’un joli enjeu esthétique en sortant le spectateur de sa zone de confort visuelle. Par ailleurs, la mise en scène d’Antoine Fuqua permet d’emballer quelques images et séquences impactantes, dont une de face à face avec un chien et une autre de confrontation avec un crocodile affamé.
Par ailleurs, quelques plans un peu graphiques et gores viennent donner un peu de densité et d’enjeu à l’ensemble, à grands coups de têtes coupées et de jambes arrachées, ne donnant pas l’impression que les champs de coton des années 1800 étaient tout beaux et tout roses. À raison de quelques effets spéciaux de qualité, d’un ou deux mouvements avec un peu d’ampleur et d’un sens du rythme, certes pas virtuose, mais tout à fait efficace, Emancipation parvient à livrer un récit correctement emballé et filmé.
Will Smith Unchained
Une technicité qui est malheureusement étouffée par le côté lisse et sage du biopic américain ultra-balisé. Panneaux de textes en début et en fin de film, discours héroïque sur une musique épique et iconisation plus ou moins artificielle du héros sont les symptômes vus et revus d’une structure filmique comme il en existe des tétrachiées outre-Atlantique.
Une formule classique en somme, pour emballer un récit qui l’est tout autant, avec l’histoire d’un père qui doit retrouver sa famille et qui va vivre moult péripéties pour y parvenir. Valeurs de la famille, du courage et de la croyance : tout y est dans ce package mid-budget du divertissement historique discrètement conservateur. Malgré tout, de ce cadre éculé au possible, Antoine Fuqua et le scénariste Bill Collage (Exodus : Gods and Kings, Le Transporteur – Héritage, Assassin’s Creed) auraient tout de même pu livrer un survival efficace, bien rodé et/ou sensible…
Eh bien non, Emancipation n’est pas assez original pour surprendre, et sonne bien trop toc pour impressionner. En témoigne le jeu même de Will Smith qui livre ici une performance lambda à Oscars, à coups de gros yeux, de cris intenses et de regards publicitaires, le tout couronné d’un faux accent haïtien à couper au couteau. À l’image de la mise en scène du film, l’acteur hollywoodien montre les gros bras, mais ne sait jamais vraiment quoi en faire, étouffant ainsi complètement l’émotion du spectateur.
Will Smith horror picture show
Diversion
De plus, son personnage n’est rien de plus que l’archétype poncé jusqu’à la moelle du héros américain sans nuance ni profondeur. L’absence d’une caractérisation complexe n’est pas un problème en soi, mais lorsque le protagoniste en devient une caricature de demi-dieu à la bienveillance et au courage illimités, toute empathie et implication émotionnelle du spectateur s’en retrouvent coupées.
Idem pour l’antagoniste du film qui, malgré la prestance de Ben Foster, ne dée jamais le stade du grand méchant froid, antipathique et mégalomane. Ce manichéisme appuyé ramène constamment ces personnages à leur figure de fonction scénaristique, empêchant le spectateur d’être touché et/ou inquiété par leur conflit.
« Ah greuh, je suis méchant ! »
Il en est de même pour les personnages secondaires du film qui accompagnent le parcours de Will Smith, simples outils mécaniques sans caractérisation qui servent la plupart du temps de chair à canon. Même le contrechamp sur la famille du protagoniste, qui attend désespérément son retour, est trop superficiel pour être vraiment touchant, finissant par alourdir le récit du voyage cauchemardesque du personnage.
Alors que le ton grave et solennel d’Emancipation invite à un récit ample et sensible sur la condition des esclaves au début des années 1860, le film ne remet jamais en cause ses poncifs scénaristiques et s’empêche ainsi toute pertinence. Le seul personnage qui pourrait apporter une once de nuance, de conflit et donc de discours aurait pu être l’antagoniste afro-américain qui est dans le camp de Ben Foster.
Mais là encore, le film n’en fait rien si ce n’est un vague monologue dont il n’est ni l’objet ni le narrateur. Finalement, même avec un cinéaste qui sait construire un cadre, l’ambition d’Emancipation est constamment étouffée par un scénario qui n’a aucun point de vue, mais qui est persuadé d’en avoir un.
Emancipation est disponible sur Apple TV+ depuis le 9 décembre 2022
Esclavage, on croit cela à peu près terminé, mais il semblerait que des milliers de personnes soient mortes dans des conditions que l’on peut imaginer similaires, lors de la construction des stades de la dernière coupe du monde au Qatar. Après avoir vu le film, essayez d’imaginer comment sont mortes toutes ces personnes, dans quelles conditions. Y a t il des enquêtes, des images ? Connaît on le nom de ces gens morts pour le sport ?
@petercan – Et bien à lire votre pavé un peu indigeste, vous en êtes également un beau, de « critiqueux »…
Quel intérêt d’aller lire des critique si on ne s’attend qu’à entendre ce que l’on veut entendre, et s’offusquer de ne pas y voir son propre avis noir sur blanc?
D’autant plus avec votre ton bien condescendant, du moins comme je le perçois.
Un excellent film avec des ages vraiment intenses. Une bonne surprise surtout avec Fuqua qui est un réalisateur inégal.
J’ai pas é un mauvais moment, bien au contraire.
Perso j’ai trouvé sa pas mal
Pas de jeu de mot sur Fuqua ? Que le film est une purge à cause de la dragée Fuqua ?
Ca baisse en niveau Ecranlarge !
Tout ça pour ça !! J’ai toujours détesté les « critiqueux ».. Ces personnes de l’ombre à la recherche du moindre détail pour s’autoriser à descendre le travail de dizaines de personnes, ayant oeuvré bien souvent pendant plusieurs années, en s’appuyant sur un style verbeux et caricatural au possible et un propos plus que douteux dès la l’entame puisque ce n’est pas la sortie du film qui était remise en question mais sa date. Vous vous écoutez parler l’ami, c’est sûrement délicieux pour votre ego et vos 315 followers mais s’il y a quelque chose « bien trop toc » ci-dessus c’est votre diatribe dont on se demande pourquoi elle ne se conclue pas avec un zéro pointé. J’ai peine à comprendre à vous lire où et comment 40% de ce film ont trouvé grâce à vos yeux. Tentez plutôt d’évoquer avec bienveillance, joie et enthousiasme des ouvrages qui satisferaient votre appétit d’excellence, vous apporterez peut-être un gravillon à l’édifice du 7e art.
Cette création mérite avec honneur et respect au minima, selon mes très humbles 20 années d’expérience, un 3.6 très estimable mais mon avis importe peu. Un conseil sans la moindre prétention, plongez vous dans Aristote, cela vous rendra peut-être meilleur à tous égards, vous garderez éventuellement quelques lecteurs éveillés et vous y trouverez possiblement par chance le plaisir délectable d’être et de ne point paraître.
Merveilleuse journée.
Il peut courir …
PS La VF est horrible et en VO will Smith tentant de prendre l’accent Haïtien ça fait vraiment maaaaaallll aux zoreilles
C’est de voir le film, et ensuite de lire les critiques.
Comme bien souvent, on se retrouve en désaccord avec celle-ci.
Film intéressant et pas facile à jouer will smith reviens et joue à merveille selon bref j’ai adoré histoire vrai inédite et prégnante qui nous immerse dans une guerre de ses sécession trop méconnu en Europe