Films

ADN : critique identitaire

Par Simon Riaux
24 mai 2023
MAJ : 25 mai 2023

Positionné pour Cannes avant que le festival ne soit annulé en 2020, Label Cannes 2020. La metteuse en scène y mélange toujours étude de caractère et exploration psychanalytique, à travers un récit plus doux et apaisé qu’à l’accoutumée.

ADN : photo, Marine Vacth, Maïwenn

ALLÔ MAMAN BOBO 

Depuis Le Bal des actrices, chaque nouveau film de Maïwenn est attendu avec curiosité par les uns, agacement par les autres. Mêlant volontiers expériences de cinéma et autofiction, la cinéaste est devenue au fil des années une des directrices d’acteurs les plus réputées de l’Hexagone, capable de pousser des artistes inattendus dans des retranchements non moins surprenants. 

Et c’est à nouveau le cas avec ADN, chronique des tensions interpersonnelles au sein d’une famille confrontée au deuil d’une figure paternelle structurante. Devant sa caméra, on aura rarement vu François Ozon

 

Photo Maïwenn, Louis GarrelUne famille réunie

 

Mais la partition la plus singulière du film demeure sans doute celle de Fanny Ardant, tétanisante en matrone dont la personnalité et l’égo cannibalisent les siens. Le temps d’une séquence de confrontation avec Maïwenn, qui interprète sa fille, on croit non seulement redécouvrir la comédienne, fascinante en ogresse aux pieds d’argiles, mais pour la première fois, le dispositif de la réalisatrice, entre fiction et psychanalyse filmée, aboutit tout à fait cinématographiquement.

Découpage, montage, mise en abime et interprétation s’allient pour délivrer d’impressionnants boulets de démolition émotionnels. 

 

photo, Louis Garrel, MaïwennUn duo intrigant et follement cinégénique

 

DIS-MOI QUI TU HAIS 

Malheureusement, si la partie du récit axée sur les soubresauts qui agitent la famille de Neige fonctionne excellemment bien – jusque dans ses articulations humoristiques, tendres et cruelles à la fois – le second axe narratif s’avère beaucoup plus flou. Parallèlement au maelstrom émotionnel engendré par la disparition de son grand-père, l’héroïne fait face à une profonde remise en cause identitaire (qui donne au métrage son titre). Et ce pendant du récit est autrement plus confus. 

D’assertions simplettes en raccourci mécaniques (on comprend mal cette soudaine et superficielle focale sur la génétique), le film donne soudain l’impression de tourner en rond, d’épo une thématique dont il n’a pas grand-chose à dire. Plus embêtante, cette irruption du questionnement sur les origines sape une bonne partie des belles trouvailles de la première moitié d’ADN. Alors que mise en scène et scénario se concentrent sur le rapport de Neige à l’Algérie, plusieurs protagonistes sont évacués de l’ensemble sans qu’on saisisse bien pourquoi.  

 

photo, MaïwennMaïwenn en pleine réflexion

 

Une construction au bulldozer qui souligne finalement combien l’architecture du film est fragile. Hormis la protagoniste jouée par Maïwenn et une poignée de seconds rôles, la caractérisation des personnages est souvent problématique (qui est Garrel ? Ami ? Aspirant ? Ex ?) et on ne saisit jamais vraiment ce qui les pousse à s’affronter, s’allier, se repousser, s’embrasser. Il en va finalement de même du spectateur, qui finit par abandonner cette troupe bruyante à ses ions mal digérées et ses joies mauvaises. 

 

Affiche officielle

Rédacteurs :
Résumé

La chronique familiale de Maïwenn contient quelques-unes des plus belles fulgurances de son cinéma, mais finit par se perdre dans une sous-intrigue identitaire confuse et superficielle.

Autres avis
  • Geoffrey Crété

    Maïwenn e à côté de son sujet et signe son film le plus faible, tiraillée entre le portrait familial explosif qu'elle maîtrise sans effort, et l'ambition d'un récit identitaire qui tourne en rond.

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real
real
il y a 2 années

Dommage que tout le film n’est pas été à la hauteur du face à face entre Maiwenn et Ardant, au Père Lachaise: Ardant est tétanisante de rage intériorisée face à Maiwenn, parfaitement juste ici: scène impressionnante. La galerie des autres personnages n’est pas assez attachante -voire crispant, névrosée – pour défendre le film et toucher le spectateur.

Worried
Worried
il y a 3 années

@dark city tu fais un avc ? devrait-on appeler les pompiers pour toi ?

La Classe Américaine
La Classe Américaine
il y a 3 années

Maiwenn ou la réalisatrice en colère, rebelle et engagée qui ne dira jamais non aux subventions régionales et de l’Etat pour financer ses films et qui fait surtout bien attention a cumuler ses heures pour son assurance chômage d’intermittente. Rebelle 2.0

Ethan
Ethan
il y a 3 années

Il y a des fois certains cinéastes essayent de se démarquer mais n’y arrivent pas. Ils sont dans leur monde.

@DarkCity
C’est surtout les élites qui favorisent la diffusion de ces idées w0ke

DarkCity
DarkCity
il y a 3 années

Pas sur, beaucoup de lecteur on bien compris que vous étiez sous influence LGBTQ+++( je crois qu il manque un+;-). Pas grave mais c dommage pour votre indépendance journalistique…..

DarkCity
DarkCity
il y a 3 années

Je connaissais pas la méthode de reproduire ou d’inverser les postes. Vous êtes une presse indépendante et libre?

DarkCity
DarkCity
il y a 3 années

On censure maintenant EL?

DarkCity
DarkCity
il y a 3 années

Vous n ‘avez pas aimé mon commentaire sur votre coté élitiste en décalage complet avec le grand public? Plutôt que de me censuré, venez débattre!
Quand un film rempli son contrat dans son genre(tomorrow war) avec une critique affable alors que dans le même temps vous encensez un film avec un scénario bidon avec une fin déjà vu mille fois pour sa facilité scénaristique (Bad dreams) vous vous décrédibilisez auprès de vos lecteurs pour votre sérieux!

DarkCity
DarkCity
il y a 3 années

C pas utile d inverser mes postes pour faire croire que vous ne m’avez pas censuré!

DarkCity
DarkCity
il y a 3 années

On censure maintenant EL?